Oh ça ne m’a fait pas fait de la peine


Non, cela ne m’a pas fait de la peine lorsque j’ai appris que Oussama Ben Laden avait rencontré la mort. ((L’inverse est tout à  fait possible dans la mesure où la mort revêt parfois la forme d’un missile à  tête chercheuse. )) Il me semble pratiquement impossible qu’aucune personne parmi mon lectorat ne connaisse ce tristement célèbre personnage, mais dans le doute sachez que Oussama Ben Laden fut l’une de ces rares personnes à  faire quasiment l’unanimité contre elle, et c’est encore le cas aujourd’hui, même un an après sa mort.

Tué trop rapidement pour être jugé, Oussama Ben Laden ne le sera que par nos avis posthumes, avis généralement négatifs. Son droit de réponse étant enfoui quelque part vingt mille lieues sous les mers, peu de gens s’arrangent pour le faire remonter à  la surface.

Sa personnalité était perçue comme aussi explosive que ses œuvres anthumes, beaucoup trop à  mon goût. Ben Laden était un de ces nombreux fétichistes parmi les plus rigoristes de l’interprétation d’un livre sacré qu’il voulait imposer au reste du monde comme il se l’était imposé. On regrettera en ces temps de rigueur – et paraît-il d’évasion fiscale – que Ben Laden n’ait pas embrassé la carrière d’agent de recouvrement du fisc. Au lieu de cela, il choisit une vie faite de résistance au Brezhnevisme envahissant contre lequel il s’illustra en Afghanistan, ce lointain pays où il forma bientôt son organisation fondamentaliste : la base. ((En français, Al qaeda est traduit non pas en justice mais par la base. ))

Se parant des attributs d’un sage de sa religion, cet homme a réussi hélas à  faire des émules en Afrique, au Moyen Orient et en Asie. Plus loin que le cercle de ses amis, on peut dire qu’au cours des années c’est avec lui que la base s’est élargie. Insatiable prosélyte, Oussama Ben Laden a répandu à  travers le monde sa bonne parole, celle de la poudre. Je l’ai déjà  évoqué plus haut, cet homme avait un goût prononcé pour tout faire éclater. À tel point que les siens ont fait plus de victimes chez ceux qui partageaient sa foi que parmi ses ennemis avoués. Par ses frappes aveugles, nul ne doute aujourd’hui de son absence totale de clairvoyance. Et pourtant, en dépit de son décès, son organisation lui survit et ses ramifications aussi, ce qui n’augure jamais rien de bon surtout lorsque des hommes persistent dans l’erreur.

Alors ce n’est pas pour jaboter, mais si Ben Laden n’était pas réputé pour mettre de l’eau dans son vin ((Ni même mettre du vin dans son eau. )) , c’est invraisemblablement pour respecter cette volonté qu’il est maintenant entouré d’eau et pas en vain. Oussama Ben Laden était incompris, mais aujourd’hui plus mort que vif ; inutile de vous confier que face à  une personnalité aussi terne, les pingouins ne lui rendent pas hommage.


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