Préliminaires de coupe du monde


Puisque nombre d’entre nous allons être envahis dans un temps assez court par un déluge de débauche footballistique en provenance d’Afrique du Sud et d’éructations orgasmiques comme seuls les commentateurs sportifs savent les asséner, j’ai préféré prendre les devants hier soir et me livrer à  une séance de préliminaires proposée par un certain Mpumelelo Paul Grootboom, un homme originaire de Pretoria qui remet au goût du jour et de son histoire-géographie personnelle la Ronde d’Arthur Schnitzler, qui n’est pas forcément à  l’origine de cette pratique désastreuse appelée la tournante.

Bref comme disait Pépin, ne vous laissez pas égarer par mes digressions, vous avez bien compris qu’il n’est pas question ici de ballon mais d’une pièce de théâtre, et que les seules formes rondes que je pourrais me permettre d’évoquer ici sont celles sur lesquels le regard de l’homme a tendance à  s’attarder lorsqu’il prétend converser avec une personne du sexe opposée tout en songeant justement à  commettre la chose le plus tôt possible avec elle. D’ailleurs la chose, pour parler d’elle, commence très bien puisque les actrices offrent au spectateur un accueil particulier et des plus attentionnés, qui enfleront son égo à  défaut d’autre chose s’il ne sait pas se tenir. Timides et prudes ou mineurs de moins de seize ans, ce spectacle ne vous est pas destiné. Foreplay pour citer le nom des préliminaires en langue originale, en roulant bien le R pour faire plus sud-africain, est donc composé de dix dialogues homme-femme autour du sexe dans la société noire en Afrique du Sud allant de la spécialiste en fourniture de services tarifés, à  l’homme des casernes, en passant par la servante, la femme mariée adultère, la jeune vierge pas si effarouchée que cela, en s’attardant sur un pasteur pour terminer avec un politicien des plus inquiets en matière de cohésion nationale en proie aux tracas que lui cause son éphémère relation avec le premier personnage.

Servie par six acteurs, cette pièce dénonce donc en dix dialogues l’hypocrisie qui règne autour du sexe. Le spectateur pourra constater grâce à  leur jeu, qu’en Afrique du Sud comme en Europe occidentale, les êtres humains possèdent des désirs et des interdits apparemment similaires. Si les lectrices et les lecteurs de ce billet veulent le vérifier sans avoir à  se déplacer jusqu’à  la partie la plus méridionale du continent africain, ils peuvent le faire jusqu’au 28 mai à  la Grande Halle de la Villette à  Paris.


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