Ce fut une surprise pour lui-même lorsqu’il apprît la nouvelle, et même pour l’humble alcidé que je suis. Quand je regarde les différents évènements qui se sont produits en 2009, je constate qu’il n’y avait pas grand monde pour se targuer d’obtenir le Nobel de la paix. D’ailleurs, autre témoignage d’humilité de l’espèce humaine, nul ne prît l’aubaine d’Obama ou se réclama mieux placé que lui pour la recevoir. Qui d’autre aurait pu se vanter d’avoir fait mieux récemment ?
Ce n’est pas pour jaboter, mais aurait-on pu accepter qu’il fût remis par exemple au président Mahinda Rajapakse ? Cet homme qui, à Sri Lanka, a pacifié l’est du pays tout en étant l’illustration parfaite d’un dirigeant politique qui tient ses promesses, en l’occurrence celles de réarmer ((En doublant ses effectifs militaires. )) et de venir à bout des Tigres tamouls.
Pour son second essai nucléaire, aurait-on pu choisir Kim Jong-Il, cette personnalité gratinée et tatillonne sitôt qu’il est question de sa puissance fromagère ((Oui, je ne le dirai jamais assez, les hommes en ont encore et toujours après la puissance de la tomme. )) et dont les lancements de missiles de courte portée relèvent de la haute volée diplomatique ? Ou bien encore aurait-on dû féliciter les dirigeants israéliens pour leur offensive pacificatrice à Gaza ? Ou est-ce qu’il fallait citer la guerre silencieuse de l’effrayant président Saleh ((Plus connu chez les alcidés sous le nom du Saleh de la peur. )) contre les Zaïdites ?
Certes, en bon pingouin ordinaire, je n’oublie pas les conflits d’Irak et d’Afghanistan, au sujet desquels l’occidental moyen ne sait peut-être même plus pourquoi il y a déployé ses troupes. Et pour autant que l’on puisse reprocher au président états-unien de mener une guerre à laquelle il était opposé, il ne faudrait pas oublier qu’il s’agit d’un legs des huit années de pouvoir de son prédécesseur George Youyou Bush ((Youyou pour double U. )) . Pour l’heure, et on aura peut-être oublié de le signaler entre temps, l’actuel occupant de la maison blanche a déjà permis de régler le problème du bouclier anti-missiles en renonçant à l’implantation de celui-ci en Europe orientale, dénouant ainsi la situation avec Moscou, qui aurait pu déployer ses missiles dans l’enclave de Kaliningrad et rappeler aux habitants de l’est-européen les heures sombres et inquiétantes de la crise des euromissiles.
Alors franchement, qui d’autre cette année aurait pu remplacer ce personnage politique que tous auront perçu comme porteur d’espoir ? Sûrement pas moi, et il ne devait pas y avoir grand monde pour préserver la paix cette année. Oui, beaucoup l’auront déjà souligné, le président des États-Unis possède trois ans pour mériter son prix, et il est tout à fait permis de lui souhaiter de mener cette tâche à bien à moins qu’il ne s’avère encore plus manchot que son prédecesseur.