Allegro !


Une chronique dans laquelle monsieur Pingouin entend bien faire les gros titres !

Malgré les nombreuses suppliques des associations caritatives dûment concernées et les complaintes silencieuses des froussards que la peur a rendu muets, malgré l’acharnement pingouinier à  tenter de cacher le volumineux dossier dont va traiter cette encombrante chronique, malgré l’impatience de mon lectorat qui se fait de plus en plus pesante, je vais me résoudre non pas à  jaboter mais à  braire d’énormes âneries au sujet de cette tragicomédie qui ne fait qu’enfler, j’ai nommé :
Je sens déjà  que parmi mon lectorat, certains ont la peur au ventre. À quelques jours de Halloween, je comprends votre angoisse. Mince ! Ce n’est pas pour raboter, mais cette chronique va devoir finir par trancher dans le vif du sujet. J’ai nommé donc avant de m’interrompre moi-même dans mon élan : la pêche aux gros ! ((Adeptes dragueurs pratiquant la pêche au bar et autres malchanceux se résolvant à  la pêche aux thons, passez ici votre chemin ! De sexualité ici il ne sera point question car à  propos de ce sujet on peut affirmer sans conteste que je pèche en ligne. ))

Tremblez, bouffies, bouffis, vous que l’on accuse de surcharge pondérale ! La pêche aux gros est ouverte ! La monstrueuse armée bienpensante munie des filets de la toile médiatique entend bien capturer les gros poissons que vous êtes ! Je le clame haut et fort : « Ventrebleu amis ventrus ! Vous nagez en eaux troubles ! ». Vous êtes la proie de ces arrogants marchands de vide qui veulent vous mettre au même régime qu’eux. Oui ! Car la dictature du maigre est arrivée ! Elle hameçonne la jeune midinette désarmée comme cette morue de ménagère de plus de cinquante ans en passant par la petite friponne qui se pomponne.
La dictature de la maigreur c’est cette harpie qui arpente et harponne de Paris à  Carpentras, elle tamponne nos tympans en martelant à  tout va même à  qui ne le savait pas que la minceur c’est la beauté ! ((La minceur c’est raboter ? Mince alors !)) Son secret ? Vanter la nullité calorique de sa gamme alimentaire ! Une vacuité nutritive qui n’allège que le porte-monnaie et mène au port de la gaine, mais qui pourtant satisfait les nombrilistes du pèse-personne. Et lorsqu’on lui échappe, notre harpie cesse de nous écharper et se fait insidieuse et susurre suavement à  nos oreilles ce genre de choses : « Vos kilos en trop qui se lovent entre autres au creux de l’ocre panse qui est la vôtre vous font penser que vos excédents vous excèdent ? Dépensez-vous et dépensez avec nous. Achetez léger, mangez léger et surtout léchez léger. » . En allégeant ces gens alléchés par l’égérie riante de la minceur, c’est la publicité pour les produits zéro pour cent qui fait ses choux gras.

Ceci dit, les grosses comme les gros, sont-ils autant en trop que les kilos qu’on leur reproche ?
Je dois défendre les gros. Non pas parce que j’ai pu en être un moi-même lorsque je n’étais qu’un gros œuf mignon, mais parce que je compatis à  leur peine. En effet, je l’avoue sans honte : j’ai déjà  eu le cœur gros. Mais n’en restons pas à  cette révélation de ma part.

Gros me paraît être devenu un mot tabou dans l’hexagone. Oui, mon cher lectorat, de ce que mon étude du comportement de l’homo sapiens me révèle : gros est devenu un mot trop gros pour être désormais prononcé en dehors des plateaux de fromage télévisuels, où le gratin autorisé se penche mielleusement sur le malheur de quelques personnes bedonnantes. En France, on ne dit pas d’une personne qu’elle est grosse, on dit d’elle qu’elle est un peu forte, c’est en rapport avec son caractère : la force de caractère des gros c’est le caractère gras. Pourtant ce trait qui leur est propre est peu apprécié, et j’irai même jusqu’à  dire qu’il agace, en effet : de viles personnes s’en plaignent au motif que l’égo des gros lasse. ((C’est malin de parler d’un trait qui est propre aux gros si c’est pour entendre parler de gros dégueulasses. ))

Je ne m’arrêterai pas là . Toujours au pays des droits de l’Homme et du petit pingouin, lorsque le citoyen lambda doit évoquer la grossesse, il préfère parler de femmes enceintes ((Ou en sainte, si et seulement si elle s’appelle Marie parce que le Français est empreint de son héritage chrétien. )) . Il existe un déni des gros, c’est certain ; et les superstitions les plus folles circulent à  leur égard. Leur divinité s’appellerait Somodo, et ils vivraient au Groenland. Pire, les gros seraient le chaînon manquant depuis qu’ils ont habilement évolué depuis l’âge de gros moignon. Tout cela bien entendu est faux, et je me devais de le rappeler soigneusement parce que nos amis les gros sont supérieurs à  la moyenne au moins pour ce qui concerne la question du poids, et probablement du volume même s’ils ont la décence de ne pas trop l’ouvrir.

Évidemment, la discrimination à  l’égard des gros ne va pas m’interdire de m’aigrir, parce que je n’aime pas être contrarié dans mes projets. Alors amis gros, vous non plus ! Ne vous laissez plus faire ! Je sais bien que vous en avez dans le ventre, et je crois qu’à  l’instar de cette chronique ventrue il est grand temps de rebondir !

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