La récente découverte par les hommes des casernes pakistanais de quelques candidats mineurs à l’emploi temporaire de bombe humaine permet de nous rappeler quel est le combat éducatif de certains individus peu scrupuleux. Ces personnes, que je n’ai pas nommées tout de suite pour laisser mon cher lectorat avoir une chance de deviner de qui il s’agissait avant que je ne révèle leur nom, sont bien entendu les infâmes Talibans qui se disaient si prompts à alphabétiser les masses de sorte qu’elles puissent lire le livre saint.
Faute de candidats adultes et fiables au suicide assisté par détonation collective, ceux, qui se faisaient appeler étudiants en théologie lorsqu’ils prirent le pouvoir en Afghanistan, ont abaissé non seulement leur crédit moral, mais aussi l’âge minimum de recrutement ce qui n’étonne donc plus personne de savoir qu’ils enrôlent des enfants en bas âge afin de les éduquer non seulement à combattre mais aussi à l’art de la reprise téléphonée de la bombe humaine.
Alors ? L’embrigadement aux attentats suicides serait-il un jeu d’enfant ? Ce n’est pas tout à fait ce que le taliban Qari Abdullah, recruteur de jeunes talents, avait déclaré à la cinéaste Sharmeen Obaid-Chinoy citée dans un article du quotidien britannique The Independant qui relate son film Pakistan’s Taliban Generation. Grâce à une formation éclair et détonante de talents explosifs, les apprentis apprennent à faire parler la poudre par la bouche du canon. On remarquera que rarement depuis le commerce triangulaire, la gestion des ressources humaines avait porté son nom de façon aussi convenable.
Bref, je voulais vous dire que ces vilains malotrus continuent donc de prêter à rire sans se soucier de leur crédibilité ou de leur impopularité. D’ailleurs, ce n’est pas pour jaboter mais, selon mon propre institut de sondage Alca Ta Strophe, leur cote de popularité en Europe frise tellement le ras des pâquerettes ((Attention ! Par homonymie il ne faut pas se méprendre lorsque l’on évoque le rat des pâquerettes qui se différencie du rat des villes par son naturel très frivole caractérisé par sa forte propension à compter fleurette dans les prairies, et son amour pour l’entretien de sa masse capillaire au moyen de coûteux bigoudis, qui expliquent indéniablement pourquoi on parle de friser le rat des pâquerettes. )) , que cela s’avère pratique pour engager des combattants en herbe.
De là à parler de la mauvaise graine et à plaider pour plus d’école buissonnière, il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas parce que c’est tout simplement une question de goût et de culture que de parler de la bonne ou de la mauvaise graine. Après tout, on ne récolte que ce que l’on sème. Certains hommes des casernes par exemple sèment des mines et récoltent des culs-de-jatte et des unijambistes, dont nul ne doute “ et surtout pas Alphonse Allais à qui je vole l’idée – qu’ils contribueront au relèvement de l’agriculture qui manque cruellement de bras. Et ne les plaignons pas de trop, ils ont la vie au plein air loin de la pollution qui sévit dans les pays développés. On leur offre tout de même la possibilité de s’affranchir de l’autorité parentale, de se laisser pousser les poils, de marcher au pas, d’être respectés, de se coucher à l’heure qu’ils veulent, bref de devenir des Zommes avec un grand Z et mieux encore : de devenir des zéros, eux aussi avec un grand zèle !
Certes, ces jeunes intermittents du théâtre des opérations n’auront guère l’occasion de briller sitôt les trois premiers coups frappés ; en effet, ils disparaissent au premier. Néanmoins, et beaucoup d’autres choses en moins, leur entrée fracassante dans le monde du spectacle incarne mieux que dans les Tontons flingueurs l’éparpillement façon puzzle si savamment inventé par Audiard avec tant de sens défiguré ((Exceptionnellement, on ne peut que très difficilement parler de cela au sens propre. )) dont l’expression décourage toute tentative de reconstitution. Lorsqu’ils reviennent sur le devant de la scène par cassette vidéo posthume interposée, ils ne sont plus que souvenirs et poussière bien entendu.
Ah évidemment, si seulement il y avait une bonne âme pour seriner à ces pisses-au-lit qu’on les mène là où l’on mange les pissenlits par la racine ! Mais que voulez-vous il faut bien vivre avec son temps et, à l’instar de ceux qui veulent mettre les vieux au placard ou en maison de retraite, s’écrier : « Place aux jeunes ! ».