«Oh ! I.I.I.I.I.I.I !»



«Oh ! I.I.I.I.I.I.I !» n’est pas le bruit que fait un char russe quand il se réfrène d’aller s’immoler dans le feu de l’action en passant par le tunnel de Roki, un endroit si obscur que Sylvester Stallone lui-même refuserait de s’y rendre pour y tourner une énième suite du film du même nom. Alcidément, le 8 août est vraiment une date à  marquer d’une pierre tombale. Une nouvelle démonstration des hommes des casernes a vraiment de quoi rappeler à  ceux qui en douteraient, que l’usage de la force relève d’une histoire d’andouilles. Au cas où mon lectorat en douterait encore, j’affirme que la guerre est une ramification de la boucherie-charcuterie dont Sun Tzu, éminent débiteur de cochonneries en tout genre, n’a eu de cesse de nous ressasser les bienfaits de son mets préféré : le fameux lard de naguère. ((Pastiche – facile je l’admets volontiers – du célèbre Art de la Guerre.))

Pour en revenir à  mon fâcheux titre qui aurait pu s’intituler O7I-7-I2 ((Lire «Ossétie c’est hideux.» .)) si j’avais maîtrisé toutes les touches du langage sadomasoscript, dit S.M.S. dans les milieux introduits de l’adolescence, il faut vous avouer que « iiiiiii ! » est un cri d’effroi caucasien d’actualité. En effet, je pensais qu’en ce très ensoleillé mois d’août personne n’oserait nous faire le coup de «Gori dans la brume», parodie abominable d’un film dans lequel la chasse à  l’homme et le brouillard de guerre font aujourd’hui bon ménage. ((Détournement du film adapté de la vie de Dian Fossey intitulé Gorilles dans la brume.))

La reprise des Ossétilités du huit août dernier tombe à  point nommé et permet aux dirigeants russes de paraître militairement moins faibles qu’ils ne peuvent l’être en Tchétchénie ((Enfin, j’imagine que les aigris de la 58ème armée russe – celle qui officie en Tchétchénie – doivent retirer une certaine satisfaction à  avoir visiblement mis en déroute une armée géorgienne qui a été équipée et entraînée en partie par le célèbre oncle Sam qui s’est même occupé de rapatrier ses 1.800 hommes présents en Irak. À titre informatif et purement vain, le rapatriement était achevé au 10 août, c’est vous dire si l’homme des casernes est un rapide.)) . En même temps, si certains occidentaux n’avaient pas compris le message de mécontentement exprimé par les dirigeants moscovites au sujet de la demande d’adhésion ukraino-géorgienne à  cette association géographiquement aberrante répondant au doux nom du traité de l’Atlantique-Nord ((Oui, cher lectorat, l’ordinaire pingouin que je suis cherche encore la frontière atlantique de la Géorgie, de l’Ukraine ou mieux encore de la République Tchèque. 😉 )) , on ne peut pas dire que la réaction russe soit cette fois-ci passée inaperçue.

Le bon côté de cette intervention souligne quelles sont les volontés de Moscou vis à  vis de tout ce qui habite à  proximité. Et pour une fois, la Pologne, les États baltes et les autres pays qui n’ont eu de 1945 à  1991 pour divertissement que l’occupation soviétique – qui était des plus ennuyeuses pour ne pas dire à  en mourir – pour une fois, ces États peuvent rappeler pour quelles raisons ils veulent s’affranchir de l’influence de la Russie. Évidemment, avec un voisin aussi puissant, il est particulièrement difficile d’entretenir de mauvaises relations avec lui.

Pour les plus pessimistes, l’allée Gori ((Nom d’une ville de Géorgie où naquit un célèbre tyran de l’Union soviétique et qui est accessoirement un carrefour routier menant à  la capitale Tbilissi et à  l’Ossétie du Sud.)) est sans retour, c’est une impasse comme le fond du sac dans lequel on cherche en vain un tour pour faire diversion. Pour les optimistes hexagonaux, après avoir vu leur équipement réduit en poussière peut-être que les Géorgiens voudront bien acheter des Rafales. Après mûre réflexion, je ne sais pas si ma précédente affirmation relève davantage de l’optimisme ou de la mauvaise foi.

En ce qui me concerne, je me lasse à  lire les comparaisons entre la Russie et le plus poli des plantigrades qu’est l’ours. Entre Franska qui nous a quittés l’an passé et un soldat je saurais vous dire qui est le plus mal léché des deux. Le réveil de l’appétit russe n’a rien à  voir avec une période d’hibernation, je considère le pays comme particulièrement affamé depuis 1991 et d’autant plus après la crise financière de 1998. Ses forces lui reviennent depuis que les hydrocarbures connaissent un prix plus en adéquation avec la réalité du marché. ((Depuis 2006, le prix du gaz russe a doublé tous les ans en Géorgie.)) Pour ceux qui évoquent la griffe de l’ours ou plus rarement la patte de l’artiste, c’est encore la même chose, on en revient toujours à  l’art de la guerre. Et le plus cocasse, c’est que l’intervention en Ossétie du Sud pour sauver ses ressortissants s’affiche comme légitime puisque la plupart des Ossètes du Sud sont paraît-il aussi des citoyens russes, ce qui l’est moins, c’est que cette intervention dépasse amplement la simple région sud de l’Ossétie et mon entendement.

Entendre les menaces moscovites de reconnaître l’indépendance de l’Ossétie du sud (Oui, seulement du sud et non pas de toute l’Ossétie, n’exagérons rien) et de l’Abkhazie sous prétexte que le Kosovo l’est est amusant de la part d’un État qui empêche la Tchétchénie d’en faire autant. Serait-ce un fléchissement de la politique russe ? J’en doute fort, ce coup doit être si réfléchi que les indépendantistes devraient y trouver un beau miroir aux alouettes. Alors ce n’est pas pour jaboter, mais si la devise des alouettes est de finir plumées, je serais eux j’irai me faire voir ailleurs loin de ce jeu de dupes.

x ((À l’attention d’un groupe de camarades et de mon lectorat silencieux, il vous est possible de cliquer sur le bouton suivant et rendre l’ensemble des jeux de mots limpides : [Spoil] Le titre de la chronique qu’il faut lire comme Ossétie, et non pas aux sept i ou à” Séti, n’est ni un hommage au programme destiné à  communiquer avec les petits hommes verts ni un éloge destiné à  un ancien pharaon, mais bel et bien un cri d’effroi. Mon fétichisme ossète s’étend jusqu’à  déformer le mot hostilité, dont on peut aisément dire qu’il caractérise bien les derniers évènements qui sont survenus au début du mois d’août. Si le tunnel de Roki n’a strictement rien à  voir avec les films de Rocky, on ne peut pas vraiment dire que la Géorgie n’a pas été mise k.o (Chaos technique ?) par la Russie et que les belligérants ne se sont pas livrés au pugilat. L’allée Gori, qui est une allégorie de la route qui mène à  Tbilissi, est celle d’un sentier qui loin d’être battu est semé d’embûches. [/Spoil] ))


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