Loquet de Cancale, le second tour de clé


Comme deux mille huîtres sont démunies et si pâles lorsqu’elles passent l’arme à  gauche, la droite française a essuyé une défaite. Ce n’est pas pour jaboter, mais si à  droite certains évoquaient des enjeux locaux pour minimiser les pertes, il faudrait leur faire remarquer que la défaite est localement située sur l’ensemble du territoire français. Sauf que ce n’est pas ce que l’on pouvait dire de la tête de liste qui a remporté l’élection hier soir à  Cancale, dont le scrutin faisait figure d’exception comparé à  ceux de l’ensemble de l’hexagone.

En effet, après le premier tour de la semaine dernière, la situation était si verrouillée, que toutes les voix disponibles étaient à  convoiter. C’est ce que l’on appelle les voix de recours, à  moins que ce ne soit encore un malentendu de ma part. Ces voix-là  ce sont celles qu’il faut relancer par téléphone, à  qui l’on dit de ne pas oublier le rendez-vous électoral, et qu’il faut parfois aller chercher non pas avec les dents mais avec des crêpes pour ne pas se faire aplatir. Parce qu’il faut bien se l’avouer, si la voix rit alors le candidat est à  la rue, et pour un candidat quoi de pire que d’être envoyer à  la lanterne puisque cela signifie qu’il est en voie d’extinction ?

Ceci dit, je m’égare puisque je voulais vous parler des municipales cancalaises qui ont d’abord vu une victoire de la participation puisque celle-ci a cru d’un peu plus de quatre points entre le premier et le second tour, ainsi qu’une division de moitié du nombre de bulletins blancs ou nuls. La victoire est revenue à  la liste qui était en tête la semaine passée, emportant le scrutin avec soixante-douze et presque deux cent voix d’avance sur les deuxième et troisième liste, qui ne sont plus les mêmes que la fois précédente, c’est vous dire si la partie a été disputée. ((La liste Lenouvel a perdu huit voix, tandis que les listes Penvern et Mahieu parvenaient à  mobiliser les derniers abstentionnistes.))

Après une mise aux voix en bonne et due forme et sans chaussette surprise, j’en viendrais à  l’issue des cantonales. Quand tonna l’heure du résultat de certains cantons, certains résultats n’ont pas manquer de m’étonner. D’ailleurs certains me laissent littéralement sans voix. Je pourrais même dire qu’ils feraient baver d’envie les dictateurs les plus assoiffés d’une reconnaissance qu’ils ne peuvent obtenir que par des simulacres d’élections.

Les conseils généraux, eux aussi très locaux, ont également suivi la tendance très localisée sur l’ensemble du territoire national, puisque huit d’entre eux ont connu un revirement de droite à  gauche, histoire de dire à  la droite que lorsque la gauche est contrariée elle s’aigrit et fait parler sa voix. D’ici le prochain rendez-vous électoral des européennes de 2009, j’imagine que l’enjeu sera tout autre et qu’une des premières énigmes sera de savoir comment réduire l’abstention. ((Il y a bien entendu les sénatoriales, mais à  moins que ne se soit glissé parmi mon lectorat un grand électeur, il y a peu de chances que vous – qui me lisez – votiez directement pour élire les sénateurs.))


4 réponses à “Loquet de Cancale, le second tour de clé”

  1. Cher Monsieur Pingouin, ce n’est pas pour vous faire inutilement jaboter, mais, aux prochaines élections (les Européennes, car si je suis une électrice de plutôt grande taille, je ne suis point grand électeur aux sénatoriales), si la Droite emporte un succès incontestable, et si nous suivons sa rhétorique actuelle, faudra-t-il qu’elle abandonne derechef toutes ses réformes que l’électorat lui a sommé de poursuivre avec encore plus de vigueur par son vote protestataire ? Bref, si quand on a tort localement, on doit s’entêter nationalement, peut-on en conclure que quand on a raison internationalement, on doit abandonner nationalement ?

    Gizmo’s last blog post..Tag hour

  2. Vôtre bloguesque grandeur,
    Chère Gizmo,
    C’est toujours un plaisir de jaboter à  vos côtés surtout lorsque vous évoquez des raisonnements politiques aussi échafaudés. Que dire, tout concorde !

    Loin de moi l’idée de vous chercher des crosses dans une chronique qui commence par un homonyme du mot hockey, il va de soi que vos conclusions sont correctes si l’on poursuit l’interprétation élyséenne du résultat des municipales. Une victoire de la Droite aux Européennes 2009 devrait donc irrémédiablement déboucher sur l’abandon de tout ce qu’elle préconise nationalement. Devrait-on en conclure que les voies du seigneur comme celle de l’Élysée sont impénétrables du moins jusqu’en 2012 ?

  3. Je sors du bureau de vote, et je suis sidéré. Elections européennes, mais, et j’en reste scié, le financement des bulletins de vote est à  la charge des partis! Quel ne fût pas mon désappointement arrivé devant la table des bulletins. Moi qui voulait voter pour un parti certes peu connu mais dont les idées sont très proches des miennes (et qui plus est un parti aux attaches européennes et non nationales), eh bien je n’ai pu le faire et ai dû me rabattre sur mon deuxième choix, un parti national suffisamment riche pour payer les bulletins.

    Où est le pluralisme et le renouvellement politique dans ce système où pour devenir un gros parti il faut déjà  l’être suffisamment pour payer assez de bulletins de vote pour que les gens votent pour vous pour vous donner suffisamment de voix pour être un gros parti…? Vous voyez où je veux en venir? D’où vient une part du financement des partis? De l’Etat, mais à  la condition du nombre de voix recueillies… C’est le chien qui se mord la queue.

    Lamentable, pour une fois que je vote aux européennes 🙁

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