En attendant la diffusion des jeux paralympiques de 2008 que personne ne retransmettra intégralement sous prétexte qu’ils n’intéressent pas les personnes sans handicap physique, je me permets de vous soumettre une petite devinette qui vous permettra de dire lors du défilé des nations à Pékin cet été lequel de ces deux drapeaux est roumain.
Celui-ci ou celui-là ?
Les deux à vrai dire, sauf que l’un d’entre eux est tchadien ((Pour les toqués du drapeau, ce petit lien devrait vous faire plaisir.)) . En effet, il n’est pas question de la Roumanie aujourd’hui. Pour celles et ceux qui ne l’auraient jamais lue, la chronique roumaine c’est par là , pour le lectorat qui est déjà au courant de tout, c’est par ici que ça se passe pour le Tchad.
Le Tchad n’est pas seulement un pays d’Afrique, c’est également l’abréviation du mot Shadock. En effet, le Tchad est connu depuis 2003 pour son pétrole, alors c’est vous dire si l’on y pompe généreusement. Le Tchad est depuis 1960 un pays indépendant, mais c’est aussi un pays ami de la France, un solide ami qui plus est, sans quoi l’on ne dirait pas à Ndjaména : «Comme vous y allez fort l’ami».
Ce n’est pas pour jaboter mais, la France et le Tchad sont tellement amis qu’ils n’ont même pas besoin de partager la passion du pétrole ((Pour des raisons inexpliquées, la compagnie anglo-néerlandaise Shell et la française Elf (aujourd’hui Total) ont cédé leur place en 1999 à Exxon, Chevron et Petronas dans le projet d’exploitation pétrolier de Doba.)) . Cela donnerait presque envie de ne souligner que le caractère humanitaire ((De façon désintéressée, le 5 janvier 2007, la France ôtait près de quatre millions et demi d’euros au montant de la dette tchadienne. La balance commerciale entre la France et le Tchad est largement en faveur du pays gaulois, qui constitue le premier fournisseur du pays sahélien. Notez à titre purement gastronomique et informatif, que 95% des importations françaises en provenance du Tchad sont constituées de gomme arabique.
Ceci dit, si vous insistez pour me dire que la France ne saurait être présente en ces terres sahéliennes uniquement pour des raisons bassement commerciales, je vous accorderai que le Tchad est l’un des principaux bénéficiaires de l’aide militaire française, et que ce pays ressemble beaucoup à un État-tampon particulièrement poreux.)) de la présence française.
Pourtant il n’y a pas de quoi rire à l’heure où le Tchad semble encore connaître l’incertitude et la rébellion armée. D’ailleurs quand le Président de la République française déclare que si elle est sollicitée, la France fera son devoir, c’est qu’il y en a qui vont se voir administrer une bonne correction s’ils veulent jouer au Tchad et à la souris. Loin de jouer les pères fouettards, je dirai que la France répond plutôt aux craintes du président tchadien, qui aurait affirmé la nécessité du maintien du dispositif français sur place. À la question «Pourquoi ?» posée par un alcidé dépêché sur place il aurait soudain répondu : «Car tout me fait peur» ((En effet, Karthoum a de quoi faire peur s’il soutient les mouvements rebelles désirant renverser Idriss Déby.)) .
Inutile de vous dire que l’homme qui a renversé le tristement célèbre Hissène Habré est aujourd’hui en proie à la paranoïa la plus totale. À tel point qu’il croirait utile d’accorder sa grâce aux très controversés aventuriers de l’arche de Zoé afin de s’attacher les bons et loyaux services de l’ancien colonisateur. Déby Idriss sait donc à présent quelle position il doit à la France pour le maintien de sa situation – une position dont on peut aisément dire qu’il s’en tire à bon compte puisqu’il a tout de même évité de justesse la liquidation.
Après si vous avez envie d’interpréter la réaction française comme une perte de crédit quelconque, je vous dirai que je ne crois pas qu’elle ait particulièrement prêté à rire dans cette sombre affaire, car si discrédit il y a il faut enregistrer cela au passif de monsieur Déby qui ne semble pas apte à garder son pouvoir en dépit des mesures qu’il emploie pour y rester. ((Si l’on peut objecter le fait que les forces françaises se seraient contentées de répliquer aux coups de feu à proximité de l’aéroport, il convient peut-être de se demander depuis quel endroit les ressortissants français et étrangers ont pu être évacués et pour quelle raison les civils sont venus se réfugier dans le camp Kosseï. En outre, il aurait été de bon ton d’expliquer aux rebelles que faire parler la poudre engendre souvent un dialogue de sourd des plus belliqueux.))
Il ne faudrait tout de même pas empêcher que l’Union européenne et ses petits soldats puissent se livrer à une mission humanitaire à la frontière avec le Darfour. Je sais bien que pour le Soudan, l’Eufor n’aurait pas grand chose d’égayant sans quoi le général Omar el-Béchir accueillerait la chose au son de «L’Eufor, Oui !» , mais rien ne dit que les choses ne se passeront pas bien. Et si certains se disent que «l’Eufor ça rame», cela n’aurait rien d’étonnant puisque c’est une belle galère ((Le forçat est un galérien, il est donc naturel qu’il doive pagayer.)) .
Si l’Eufor est parait-il difficilement neutre, c’est peut-être parce qu’elle comporte une grande majorité de troupes françaises ((Si c’est bel et bien un Irlandais qui sera aux commandes de l’opération au quartier général des missions de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) du Mont Valérien, il n’en reste pas moins que le gros du contingent sera composé de 2 100 soldats français sur les 3 700 que comptera l’Eufor au Tchad et en République Centrafricaine.
Au sein des 2 100 soldats, une bonne partie proviendra d’un détachement des effectifs de la mission Épervier au profit du contingent européen. Parmi les autres forces en place vous retrouverez, dit-on, 400 recordmen d’absorption de Guinness, 400 autres buveurs de vodka, 200 consommateurs matinaux de krichprollches, à peu près une centaine de mangeurs de moules-frites et un nombre encore à déterminer d’hybrides entre l’autruche et le chien, de nombreux descendants de Marcel Pagnol aux initiales commençant par la lettre S, de Chinois fourbes se faisant passer pour des fins Landais, de conducteurs de Lamborghini, d’inventeurs de calendes qui n’arriveront jamais, de dévoreurs de harengs saurs, de Slovènes, et de Roumains dont les plus mauvaises langues diront qu’ils auraient déjà été rapatriés involontairement au Tchad par le ministère de l’immigration et de l’identité nationale sous prétexte que les drapeaux des deux pays sont les mêmes.)) . Pourtant le rôle de cette mission est d’assurer la sécurité des réfugiés et des civils déplacés ((Au Tchad et en République Centrafricaine et pour une durée d’un an.)) , et non pas d’organiser le maintien de la paix au Darfour qui échoit en réalité à la mission hybride de l’Union africaine et de l’ONU que le Soudan a rechigné à laisser s’installer.
Alors que choisir ? Laisser Idriss se débiner ou continuer de débiner tout court puisque ces temps-ci de Ndjamena à Abéché il fait bon chasser la mauvaise herbe y compris dans les jardins d’enfants.
5 réponses à “Gabuzomeu ?”
Salut Monsieur Pingouin,
Le drapeau roumain est à gauche et le tchadien à droite. J’ai vérifié, celui de la Roumanie est légèrement plus clair que celui du Tchad. 😉
Criticus’s last blog post..Désaveu sondagier
Mon hypothèse : le Tchad a repris le bleu roi et le rouge sang français, alors que la Roumanie a opté pour des couleurs standard, légèrement plus claires.
Criticus’s last blog post..Désaveu sondagier
Cher Criticus,
Tu as bon pour ce qui est des deux drapeaux, il suffit de regarder le nom des images. 😉
Le drapeau roumain est en effet d’un bleu plus clair que celui du Tchad.
Je pense que l’origine de cette différence est due au fait qu’en 1960 le drapeau roumain affichait son appartenance au camp communiste.
Concernant le drapeau tchadien, il me semble aussi que le rouge et le bleu sont à rapprocher des couleurs du drapeau français, et que l’or est l’une des couleurs pan-africaines.
Quel débat de haute volée… Qui a dit que les pingouins ne pouvaient faire usage de leurs ailes ?
Criticus’s last blog post..Désaveu sondagier
Peut-être un ornithologue parlant de feu mon cousin le Grand Pingouin ?