Tony Blair est à  l’UMP ce que les Socialistes semblent être à  la politique française en ce début janvier 2008 : une ingérence passagère. Quel cynisme, quelle mauvaise foi de la part d’un alcidé qui ne fait rien que braire, mais qui souhaite néanmoins que ces gens emplis de bravoure ((Ou de bravitude si je me mets à  jaboter dès à  présent.)) se redressent cette année, car il trouve que leur farce a assez duré.

Je plaisante, il suffit de les avoir vus se démener contre le projet de loi de «création de centres socio-médico-judiciaires de sûreté», toutefois il n’est pas question de ceci dans cette chronique, mais bel et bien de l’invité surprise au congrès de l’UMP au POPB.

La dernière fois que l’on avait vu mister Blair à  Paris, c’était dans ses fonctions de représentant du Quartette pour le Proche-Orient à  la conférence des donateurs consacrée aux Territoires palestiniens ((Destinée à  créer un État palestinien d’ici la fin de l’année et surtout à  redonner non seulement des fonds mais aussi du pouvoir et du soutien à  l’Autorité palestinienne contre le Hamas. En recevant 7,4 milliards de dollars US de promesses de dons en provenance des 87 états invités, soit beaucoup plus que les 5,5 milliards escomptés pour les trois prochaines années, je soulignerai que la participation russe au projet (10 millions des mêmes dollars, loin des 555 millions promis par l’américaine Condoleezza Rice ou même des 200 millions mais en euros cette fois de la France), pourtant membre du Quartette, peut sembler faible même si Sergeï Lavrov a affirmé que les Russes fournissent une aide de type différent, ne serait-ce qu’en assumant la formation de policiers palestiniens. )) , autant vous dire que cet ongulé était à  cheval sur la question. C’était le 17 décembre dernier, et après avoir tant œuvré pour la paix au Moyen-Orient en envoyant des troupes en Irak, l’ancien Premier ministre s’attelait à  redorer son blason.

Ce n’est pas pour jaboter, mais si Tony Blair quittait le quartet moyen-oriental, ce serait paraîtrait-il ((Selon la presse britannique et le député socialiste Jean-Marc Ayrault, et des fuites diplomatiques allemandes au Financial Times en juin 2007.)) pour se livrer à  une carrière solo en tant que chef d’orchestre de l’Union européenne. L’UE, qu’est-ce ? C’est cette remarquable institution à  vingt-sept têtes qui fait passer l’hydre de Lerne pour une créature schizophrène polycéphale mineure. Et, si cela n’a pas refoulé les plus europhiles freudiens d’entre vous, j’ajouterai qu’un grand mystère sévit autour de cette étrange chose dont on a clairement identifié le père ou les pères reconnus, mais dont la mère demeure inconnue ce qui est plutôt exceptionnel.

Je divague, car depuis l’accouchement de Lisbonne, le bébé a fait son chemin et n’en déplaise aux nonistes de 2005, il devrait sauter les obstacles de la ratification que croient lui tendre certains socialistes. Devrait être alors créé le poste de président permanent de l’UE, doté d’un mandat de trente mois ((Renouvelable une fois.)) disponible à  partir de janvier 2009 ; du moins si tout le monde ratifie le nouveau traité, car au désespoir des candidats à  cette même présidence, et plus particulièrement à  Bertie Ahern, son pays peut tout faire flancher. ((Trêve de bavette car en effet, avant de mettre la charrue avant les bœufs et les petits plats dans les grands, l’Irlande doit tenir un référendum ; or pour le moment seul un quart des indigènes sondés serait favorable à  ce traité. En 2001, le pays de la semaine de cinquante heures avait rejeté une fois le traité de Nice, et s’était vu offrir une seconde chance de voter le texte.))

Tout ceci pour vous dire que je suis déçu que monsieur Blair puisse être dans une telle chevauchée électorale. En effet, les activités du quartette seraient-elles à  ce point inintéressantes ? Tout de même, nul ne me fera croire que l’envoyé spécial du quartette au Proche-Orient n’a pas du pain sur la planche. Que son prédécesseur ait démissionné faute de moyens est-il une raison suffisante pour que l’ancien Premier ministre anglais accepte un poste à  mi-temps de conseiller politique chez JPMorgan Chase en parallèle ? ((La presse britannique pense plutôt qu’il s’agit d’un moyen honorable pour monsieur Blair de financer sa propre fondation.))

Peut-être que les Socialistes ont bien de la chance de ne pas avoir invité monsieur Blair pour le lancement de la campagne des municipales. Je ne sais pas pourquoi mais chaque fois que l’on salue le bilan des années Blair, on souligne l’action de Gordon Brown lorsqu’il était le Chancelier de l’Échiquier ((Poste auquel les ongulés renâclent à  nommer une personne au comportement cavalier. Et bien qu’il soit impensable d’y nommer un fou, qui sait si un jour cette fonction se verra prise par une dame ?)) . De là  à  me faire dire que c’est peut-être de lui qu’il aurait fallu s’inspirer, vous n’y arriverez pas.

Pourtant d’un autre côté, entre ce personnage si peu télégénique ((Un accident dans sa jeunesse l’a privé d’un œil et de la possibilité de sourire sans que d’odieux adolescents ne manquent d’oser le comparer injustement à  Elephant man. Chose qui, entre nous cher lectorat, aurait pu être un point d’entente entre ce travailliste et les poids lourds du Parti socialiste. Elephant man est-il le chaînon manquant entre l’Homme et le Socialiste ? Voilà  un pas que je m’abstiendrai de franchir, car loin d’être rosse, je n’oublie pas que Gordon Brown est avant tout un ongulé.)) , et le très médiatique Tony Blair, il faut avouer que le dernier a tout de même déjà  remporté trois élections. Alors si cet ongulé vient à  remporter la course pour la présidence de l’Union Européenne, nul doute qu’il saura appliquer cette maxime en connaissance de cause : «Qui veut aller loin, ménage sa monture».