Le monde de demain



Si ce titre ne vous évoque rien, ce n’est pas grave. Je sais bien qu’il est trop aisé de lui préférer «Mais qu’est-ce qu’on attend» lorsqu’il est question d’évoquer les réactions primaires du mal être en périphérie urbaine. C’est le monde de demain que je préférais écouter à  l’époque où je regardais encore innocemment les jeunes alcidées ((Me reprocheriez-vous mes goûts de l’époque ? David Martinon écoutait Trust et Motà¶rhead et il est porte-parole du président de la république. )) . Plus de quinze années se sont écoulées depuis et finalement comme chantaient les gentils Poppies, je me dis que «Non, non, rien n’a changé. Tout, tout a continué» .

Que faire ? Ce n’est pas pour jaboter mais je n’ai pas de solution lénifiante à  proposer au problème des banlieues. J’ai beau être un pingouin ordinaire, je ne peux que me désespérer de voir les extraordinaires bipèdes que vous êtes vous livrer à  des faits et gestes qui ne relèvent pas de votre humanité pourtant planétaire. Mais comme le racisme et la déprime ont vite fait de s’emparer des plus démunis, j’en appelle immédiatement à  arrêter de broyer du noir.

En fait, j’ai tout de même quelques propositions qui font suite aux récents évènements qui ont agité les nuits de Villiers-le-Bel. Plutôt que d’envoyer l’armée suite aux redoutables échanges de balles, l’envoi sur place d’Amélie Mauresmo me paraît bien plus approprié. à‡a vous surprend ?

Ainsi vous pensez qu’elle n’est pas capable de faire face à  des tirs à  balles réelles ? Attendez, elle est championne de tennis pour de vrai, pas juste sur la wii. Balles en plomb ou pas, j’en connais qui vont essuyer des revers ; et ça même si les va-nu-pieds qui ont fait feu pourraient bien exceller dans le racket. Sauf que la raquette, la seule qui sait la manier avec talent c’est Amélie.

J’ai beau ne pas être un adepte du tennis, je sais néanmoins reconnaître une personne qui pourrait mettre ses services à  disposition des forces de l’ordre. Évidemment, les spectateurs les plus pessimistes s’attendent toujours à  ce qu’un jour les choses tournent au vinaigre et que l’on assiste à  des tirs de roquettes.

Mais manque de bol pour les éventuels futurs émeutiers, j’ai appris de source policière que les forces anti-émeutes seraient équipées de saladiers et même de paniers à  salades. C’est dire s’ils feront tout pour que l’on évite de friser la catastrophe, du genre de celle où les protagonistes finissent par manger les pissenlits par la racine. En effet ça serait fort de café de les voir avaler leur chique au rez des chaussées. Il n’y a rien de pire que de rester sur le carreau et de sortir les pieds devant.

Ceci dit, revenons en à  l’armée. Un certain nombre de mes fréquentations pensait à  un moment que le rétablissement du service militaire pouvait être une solution au problème d’intégration. Aussi moqueur qu’un merle, je répondis que c’était sans doute une bonne idée d’apprendre à  ces personnes à  se servir d’une arme efficacement ((En fait un service civil aurait pu être une bonne idée de substitution, mais ayant échappé aux obligations militaires, je préfère ne pas me prononcer là -dessus. D’ailleurs, vous pourrez constater à  quel point le service a réussi à  Joey Starr. D’autres artistes en ont aussi chanté les louanges, mais je vais persister à  vous faire croire que je n’aime que les authentiques NTM et les Poppies. )) .

En fait, faute de mieux, je crois que tout le monde attend le fameux plan promis depuis la fin de l’année 2005, qui verra enfin le jour en janvier 2008 si tout va bien. Les détracteurs du régime nous diront que c’est encore un bien grand mot pour une réforme qui va faire beaucoup de brie pour rien ((Somme toute une autre façon d’en faire tout un fromage ? )) .

Cette chronique est une forme de réponse aux réactions de certains de mes camarades kiwis. En effet, si le plus frénétique des kiwis propose d’emprunter à  Rose noire ses cinq ans d’essence pour alimenter des immolations en masse ((En réalité, Frednetick propose quelque chose de beaucoup plus posé. )) , le Chafouin propose de son côté de ne rien faire de plus que ce qui se fait déjà  et de traiter les « quartiers » comme les centres urbains ((Ce qui n’est pas sans me rappeler les idées d’un autre oiseau de la blogosphère qui pense que Paris est sa banlieue. )) . Quant à  Toréador, il pense qu’il faut envoyer l’armée et réformer la structure de la police puis rétablir une police de terrain.

x ((À la demande des mogwaïs et de mon lectorat silencieux, cliquez sur le bouton pour dévoiler l’ensemble des jeux de mots contenus dans la chronique [spoil] La thématique du jour, outre de concerner la banlieue était la salade. Si les tirs de roquettes n’ont pas dû vous échapper, c’est que la frisée a bien empêché la catastrophe. Une chicorée aussi s’est cachée dans le hall de la cité. Un petit clin d’œil fromager à  un maire de banlieue du nom de Copé s’est glissé par inadvertance. En effet, cela m’étonnerait qu’à  Meaux l’on fasse beaucoup de brie pour rien. Et j’ai failli oublier : mon «Que faire ?» n’a rien de léniniste. [/spoil] ))


11 réponses à “Le monde de demain”

  1. Quel raciste anti-blanc, ce pingouin !
    « Mais comme le racisme et la déprime ont vite fait de s’emparer des plus démunis, j’en appelle immédiatement à  arrêter de broyer du noir. »

    Broyer du blanc, c’est ça ?! 😉

  2. Cher Toréador,
    vous soulevez un point d’ombre sur lequel je dois faire lumière.
    Que je me fasse bien comprendre : je n’ai jamais, ô grand jamais, appelé à  une pareille horreur
    (Sauf – car il y a toujours une exception – en ce qui concerne le chocolat).

  3. Bon petit update, lu ce matin dans Courrier international :
    « Brésil :
    Veja a réalisé, en partenariat avec la confédération patronale des entreprises de transports, une enquête inédite sur le rôle de l’armée brésilienne. Dans 24 Etats, 2 000 civils ont été interrogés, ainsi que 384 soldats et officiers.
    L’intervention de l’armée dans les favelas de Rio en tant que force de police est le sujet qui divise le plus l’opinion des militaires et des civils. A en croire l’hebdomadaire brésilien, « 87,9% des civils sont favorables à  l’intervention de l’armée. Mais chez les militaires, ils sont 43,8% à  apprécier cette mission, estimant que leur formation au combat n’est pas adaptée pour lutter contre la délinquance. Ils sont préparés pour éliminer l’ennemi, et non pour l’arrêter », rappelle Vieja.

  4. Cher Toréador,

    En dépit de l’amour de deux mille civils brésiliens pour leurs militaires nationaux, je ne pense pas que l’armée française soit nécessaire pour gérer les problèmes en périphérie urbaine.

    Si le Toréador apprécie l’avis des civils brésiliens, j’en suis ravi pour lui.
    Mais les trois cent quatre-vingt-quatre militaires brésiliens de ce même sondage d’opinion, ne sont-ils pas déjà  majoritairement en désaccord avec ce genre d’intervention ?

    Si l’armée peut s’avérer efficace contre l’ennemi, je n’en vois pas à  Villiers-le-bel, par contre pour ce qui est des taches tenaces qui salissent le nom de cette ville j’ai une solution.

    En effet, les taches les plus tenaces s’en vont très bien avec Canard WC.

    Canard WC à  Villiers-le-bel, plus fort qu’Amélie Mauresmo ?

  5. Il ne s’agit en aucune manière de gérer les problèmes Pingouin. Il faudrait que tu lises mon article, et non pas le résumé partial de Chafouin.
    L’armée doit être utilisée pour tirer sur ceux qui sont armés. D’abord en l’air, pour leur intimer l’ordre d’évacuer les lieux; Ensuite dans les jambes.
    La raison en est simple : cf. les commentaires en dessous de l’article (usage des armes)

  6. Cher Toréador,
    je ne me suis pas contenté du résumé de notre ami le Chafouin.

    La police est tout aussi capable que l’armée de répondre à  des individus qui leur tirent dessus.
    L’arme de service serait-elle aussi utile qu’une guirlande sur un sapin de Noà«l ?

    Si l’ordre de tirer ne lui est pas donné, j’imagine que c’est par peur qu’il soit commis une bavure.

    D’ailleurs, que penses-tu qu’il se produirait si un protagoniste passait de vie à  trépas au cours d’un échange de coups de feu ? Déjà  que la police est considérée comme forcément coupable, comme tu le soulignes. Imagine avec des morts supplémentaires.

    En menant des arrestations prochainement, la police va gagner la partie, certes en comptant plus d’une centaine de blessés dans ses rangs, mais sans déplorer une seule mort. Et ça c’est un tour de force remarquable.

    Toréador, je sais bien que ta profession est la mise à  mort. Mais de grâce, tu as affaire ici à  tes congénères, pas à  de féroces bovins mugissants dans nos campagnes.

  7. Cher Pingouin, je sais bien que tu aimes la glace, mais ne la vois pas partout. Les policiers ne peuvent utiliser leur arme qu’en cas de légitime défense, et non, par exemple, pour disperser une foule menaçante ou neutraliser des casseurs.

    Là  où tu te trompes, c’est que tu penses que la solution utilisée est efficace. 1 000 flics pour 20 gamins. Question : le jour où ils sont 2000 gamins avec des armes, on mobilisera donc 100 000 flics ?

  8. Cher Toréador,
    la glace est en effet une de mes gourmandises préférées, mais ne le répète pas trop. 😉

    Pour te répondre, je n’imaginais même pas la police tirer sans être en légitime défense, et vu ta réponse, j’aurais dû le préciser.

    Lorsque l’on tire sur les forces de l’ordre, et que celles-ci répliquent, il me semble que cela se fait dans le cadre de la légitime défense, non ? Donc si la police ne répond pas même lorsqu’elle se fait tirer dessus, c’est qu’elle a reçu l’ordre de ne pas répondre aux coups de feu, non ?

    La solution me semble efficace parce que les moyens mis en place ont permis d’éviter les pièges qui attendaient les policiers. Montrer que la situation n’empire pas était un facteur nécessaire pour calmer le jeu en attendant les premiers résultats de l’enquête.

    Pour ce que tu demandes à  l’armée, la police peut très bien le faire. Il suffit que le gouvernement accepte d’en donner l’ordre. Et là , évidemment, les personnes qui le donneront devront assumer les conséquences qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Je ne ferai pas de prédiction là -dessus, je n’ai pas réussi à  consulter le blog de Nostradamus.

    Ensuite, si l’on en est arrivé à  une situation où des personnes sont prêtes à  affronter les forces de l’ordre, c’est qu’il y a une rupture de consommée.

    De là  il y a mille interrogations sur la politique de la ville que l’on pourrait discuter, mais je n’en ai pas le cœur, et ce ne serait qu’un troll de plus sur la toile. Comme je l’ai dit plus tôt, je n’ai pas de solution au problème.

    Sinon pour ce qui concerne l’œil noir, je m’en étais tenu à  la version de Bizet. Je vais voir ce que je peux faire, sans parler du drôle de jeu du même nom que tu as peut-être pratiqué dans ta jeunesse 😉

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