Faut-il laisser Sfeir ?



Faut-il laisser Sfeir et laisser trépasser le Liban ? Voilà  une question qui ne mérite pas qu’on lui fasse l’économie d’une réponse.

Je comprends que les bipèdes occidentaux n’abandonnent pas monseigneur Nasrallah Boutros Sfeir. Toutes les attentions sont fixées autour de cet homme de dieu. Pourquoi ? Parce que le patriarche de l’église maronite doit établir une liste des présidentiables approuvés religieusement par sa personne. L’élection qui est repoussée depuis septembre devrait se tenir le 21 novembre prochain si tout va bien ((Soit trois jours avant la fin du mandat de l’actuel président pro-syrien, Émile Lahoud. )) .

En attendant que le cardinal fournisse sa liste, je tiens à  démentir les rumeurs persistantes selon lesquelles le pape Benoît brise Sfeir. Je réponds que c’est faux et que ces gens-là  gobent n’importe quoi sinon du peyotl. Benoît XVI, alias Sa Sainteté, est plus que préoccupé par l’élection libanaise qu’il considère comme cruciale, sans doute une façon de dire qu’il ne restera pas les bras croisés puisqu’il appelle à  prier pour le bon déroulement des choses.

Après moult rencontres organisées par la France, et une mission diplomatique européenne le mois dernier à  Beyrouth, c’était au tour de Claude Guéant d’endosser le costume de VRP de la paix. Le secrétaire d’état s’est d’abord rendu en Syrie, puis au Liban en fin de semaine dernière afin de délivrer au primat de l’église maronite un message personnel du très hardi président de la république françoise, dont certains évoquent la possible venue pour manifester son soutien à  la cause libanaise anti-syrienne.

C’est sûr qu’à  force de demander la non-ingérence de la Syrie dans cette affaire, l’on se demande s’il n’y a pas une part d’interventionnisme occidental dans tout ça. Je plaisante, vous vous doutez bien cher lectorat que la diplomatie française en Syrie et au Liban en ce moment consiste à  assurer l’indépendance de la tenue des élections libanaises, et éviter la déstabilisation d’un pays où l’assassinat politique est une curieuse tactique pour parvenir à  faire basculer numériquement la majorité dans l’opposition.

Ce n’est pas pour jaboter mais ça sent la crise ou l’hypocrisie à  plein nez toute cette histoire électorale. Cette histoire de quorum me laisse baba. ((En effet, l’élection libanaise ce n’est pas du gâteau. Voici un rappel sur cette histoire de quorum des deux tiers : l’assemblée nationale libanaise comporte 128 sièges répartis également entre musulmans et chrétiens, soit 64 sièges des deux côtés. Pour obtenir un président de la république libanaise, l’assemblée doit élire un candidat avec une participation de plus des deux tiers. Cela aurait déjà  dû être le cas le 25 septembre dernier, mais en raison d’un boycott de l’opposition, l’élection a été ajournée faute de quorum. Évidemment, la répartition politique libanaise actuelle ne rend pas cette chose aisée. En effet, l’opposition représente plus d’un tiers des votes, et est généralement chiffrée dans la presse à  57 membres (Le parti-milice Amal & le Hezbollah représentent 35 sièges et sont associés au mouvement patriotique de Michel Aoun fort de 22 sièges depuis septembre 2006. Actuellement, il y a 127 députés et non 128 puisque le mandat d’Antoine Ghanem, député assassiné le 19 septembre dernier, n’a pas été sujet à  de nouvelles élections, au contraire de celui des autres victimes comme Pierre Amine Gemayel, dont le siège s’est vu ravir par Camille Khoury, un fidèle du général Aoun.) )) Pourquoi s’embarrasser de cette procédure des deux tiers lorsque l’on peut aisément élire un candidat à  la majorité plus une voix ? C’est plus ou moins ce que certains participants pourraient souhaiter, c’est aussi la volonté américaine ((Les États-Unis comme la France, l’Italie, l’Espagne, l’Égypte, ou l’Arabie Saoudite souhaitent voir le président pro-syrien Émile Lahoud être remplacé par un anti-syrien, afin que ce nouvel élu mette en exécution le point numéro trois de la résolution 1559 concernant le désarmement des milices. Les Américains jusqu’au dernier déplacement du président français pensaient que la meilleure solution résidait dans une élection à  majorité plus une voix. )) , sauf qu’un trouble fête du doux nom de Hassan Nasrallah ((Le dirigeant du parti-milice Hezbollah. )) a annoncé dimanche dernier que tout candidat élu par ce mode de scrutin ne serait pas reconnu par l’opposition. ((Ce qui ne manque pas de faire ressembler la situation à  une belle prise d’otages, puisqu’en réalité la constitution permet l’élection à  la majorité absolue si le premier tour n’a pas permis d’élire immédiatement un président. ))
D’où le retour aujourd’hui de Bernard le French Doctor en ces terres car dieu sait qu’il y en a qui n’ont pas envie que le 21 novembre s’exclame à  Damas un certain Bachar Assad à  sa fille Paula et sa femme Ambre : «Oui, mes chéries ! Yes Paula, je t’aime ! Mais oui, ta copine Hassana sera là  pour fêter l’évènement avec Nabih Berri et son épouse la fameuse Mélisse Amal. Vous verriez les têtes qu’ils font à  Beyrouth. Ha, ha, ce qu’elle est mauvaise sa mine à  Gemayel.»

Évidemment pour les amateurs de symboles et de commémorations, que sont sans doute les députés anti-syriens, le 21 novembre correspond à  la date anniversaire de l’assassinat de Pierre Amine Gemayel, et précède la fête nationale. Autant vous dire que s’ils parviennent à  un compromis avec le courant patriotique libre, ils festoieront en se disant que le général Aoun n’est pas aussi sectaire que l’on veut bien le croire. Mais là  je suis en train de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir … Enfin vous connaissez la suite, et comme vous le savez le pingouin que je suis aime bien les plantigrades.


4 réponses à “Faut-il laisser Sfeir ?”

  1. VOus n’y connaissez rien tous autant que vous etes!

    Un peu de traduction et de sémantique vont vous aider à  y voir plus clair. Sfeir qui veut dire sphère ! Qui dit sphère dit boule, qui dit boule dit boulard, qui dit boulard dit film de cul !

    et voilà  !

    c’est une chose connue dans les hautes Sfeir.

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