Ici Paris, d’où je reparle du pays du cèdre.
Foi de signora Castafiore, à mesure que le temps passe, on n’avait peut-être pas imaginé que la situation au Liban aurait de quoi faire déchanter plus d’un ténor sur la scène internationale.
Ce n’est pas pour jaboter mais il faut avouer que la situation n’a pas spécialement semblé s’améliorer depuis le départ de votre alcidé préféré au pays de la grasse matinée servie avec la nappe au lit. La visite des trois rois mages européens il y a quelques jours aura-t-elle apportée la paix en Galilée ? Voilà une opération diplomatique dont il est encore un peu tôt pour mesurer les effets. Je n’aime pas être pessimiste plus que de nature mais parfois il faut bien se l’avouer : si le French Doctor se rend au chevet du pays du cèdre c’est que le Liban cale.
Sinon pourquoi ai-je titré « ici Paris » ? S’agit-il de nourrir le noir désir de voir sombrer la région dans le chaos ? Non, cher lectorat, c’est tout simplement parce que ce matin, en lisant l’Orient-Le Jour, j’ai appris que se tenait aujourd’hui dans la capitale française une rencontre entre Saad Hariri et le général Michel Aoun. Autant vous dire que si l’entrevue est réussie, je porterai un toast à qui de droit ce soir.
Le quotidien libanais qui parle de réunion de dernière chance n’a pas tout a fait tort, même s’il reste bien sûr encore une dizaine de jours avant la tenue le 12 novembre prochain d’une nouvelle assemblée électorale. Évidemment, l’on peut même reculer la date jusqu’au 23 novembre minuit ((Le terme du mandat d’Émile Lahoud.)) si d’ici là il ne se produit rien de positif. Toutefois vous aurez compris que l’on se rapproche un peu plus du chaos technique d’autant qu’il a encore été question de complot d’assassinat.
L’histoire politique du Liban, ce beau pays du Moyen Orient, c’est un peu la ou le Litani : c’est dire si c’est un roman fleuve. S’il est très peu probable que les journalistes considèrent le problème libanais comme un marronnier à chaque saison électorale, cela ne m’empêche pas de le surnommer le bâton de maronite.
Pourquoi le bâton de maronite ? Ce n’est pas parce qu’il y a des Libanais qui font maronner, c’est parce que le président de la république libanaise ne peut être qu’un chrétien maronite. Et pourquoi est-il question de bâton ? C’est parce que la situation me fait penser à un explosif célèbre, et qu’à juste titre elle est sujette à de nombreux retours de bâton. J’espère donc que vous ne m’en voudrez pas trop de vous avoir vendu la mèche de cette sombre élucubration de pingouin.