Encore une chronique persane ? Absolument. Ce n’est pas pour jaboter, mais je suis un pingouin récidiviste. Si l’erreur est humaine, persévérer est diabolique. Cela devrait en dire long sur les différences entre l’Homme et l’Alcidé. Mon lectorat bipède, contrairement à moi, sait lorsqu’il faut s’arrêter. Mais promis, ce devrait être la dernière sur ce sujet avant quelque temps, surtout que j’ai ouï dire que monsieur Pingouin s’adonnerait à des chroniques iraniennes sans y connaître quoi que ce soit.
Certaines personnes murmurent même que je me livrerais à des essais à l’insu de l’AIEA. Que diable vous répondre, sinon que tout cela est faux ? C’est vous qui faites erreur. Pourquoi ? Parce que vous êtes humains, mon cher lectorat, c’est dans votre nature. De même, si vous pensez que je me prends pour Montesquieu sous prétexte que j’écris des lettres persanes, je me permets de vous rétorquer que vous vous trompez. Monsieur Pingouin n’a pas l’esprit des oies, pour cela il vaut mieux s’adresser à Jean-Michel Jarre.
D’ailleurs si l’humble pingouin, que je suis, ne connait pas grand chose à l’Iran, cela ne l’empêche pas de chercher à enrichir sa connaissance en la matière, aussi fissile qu’elle soit ; car à vrai dire en tant que principal intéressé je dois reconnaître que je ne crains guère les réactions en chaîne, puisque celles-ci ne concernent que les canards qui barbotent dans le bassin de refroidissement. Voilà donc de quoi les aider à faire couler de l’encre ou à se faire du mauvais sang.
Et il y a en a eu beaucoup depuis les déclarations du French doctor du guet d’Orsay ((L’auteur rappelle à son lectorat qu’il existe une définition propre à ce blog concernant le ministère des affaires étrangères. La dîte-définition est consultable dans le lexicon prévu à cet effet.)) , sans ajouter la fermeté affichée du Président de la république à l’encontre de l’Iran. En effet, bien des personnes sensibles ont cru que la Troisième ((Tout ce que vous avez voulu savoir sur la Troisième se trouve aussi dans le lexicon.)) était arrivée plus tôt que prévue. Nombre d’entre eux avaient même commencé à annuler leurs rendez-vous chez le médecin puisque le diagnostic en cas de Troisième est, vous l’aurez deviné, le même pour tous.
Ce n’est pas la mort d’en parler, mais certains d’entre vous affirment que le fond du problème concernerait la mésentente entre Israël et l’Iran. Soit. L’ayatollah Khomeiny n’a-t-il pas dit qu’il fallait rayer Israël de la carte ? Mahmoud Ahmadinejad l’aurait-il répété à son tour plus de vingt ans après ? Soit, aussi. Mais entre nous, quelle idée saugrenue. Peindre des rayures comme ça, partout, ça défigurerait le paysage. En plus monsieur Khomeiny n’a jamais précisé de quelles couleurs seraient les rayures. Vous y avez pensé, vous ?
Est-ce que vous pouvez vous imaginer le mur des lamentations rayé de bandes vertes ? Non, tout simplement parce que ce genre de déclaration est une faute, y compris au niveau des goûts et des couleurs. L’ayatollah aurait quand même pu ouvrir en grand ses persiennes avant de nous prodiguer ce genre de volets lyriques. Cela sauterait aux yeux de n’importe quel homme, même le plus prompt à se tromper ; d’un simple coup d’œil l’on se rend compte que les rayures ne vont bien qu’aux zèbres, ces nobles équidés sauvages, africains et par dessus tout : monochromes.
Non, cher lectorat, vous ne me ferez pas mentir si je dis que les beaux arts, et à plus forte raison le dessin, n’ont jamais été le fort des chefs d’état. ((A l’exception notable d’un peintre autrichien recyclé en chancelier allemand de 1933 à 1945.)) Il suffit de regarder la façon dont ont été tracées les frontière communes de la Syrie avec l’Irak et la Jordanie, ou celles du Mali avec la Mauritanie et l’Algérie, pour concéder que certaines personnes ne se sont pas spécialement fatiguées.
Tiens, tant que j’y suis. L’on me murmure que je fais complètement abstraction du problème nucléaire iranien. Je vous l’accorde. Cependant, je vous le demande : « Est-ce que c’est de ma faute si les Iraniens ne sont pas capables de transformer assez de combustible en électricité au point qu’ils doivent en recourir à la tomme ? Est-ce une raison pour en faire tout un fromage ? » Hé bien je me réponds : Non, bien sûr, je suis innocent, et cela jusqu’à preuve du contraire.
Je sens en réalité que si tout le monde râle, c’est parce que l’Iran va faire beaucoup de jaloux si jamais il devient un spécialiste du fromage. Absolument. Tout cela ce ne sont que des histoires d’argent, ou comment dîtes-vous déjà chers bipèdes ? Voilà , oui, ça me revient ! Des histoires d’enrichissement : l’or noir, le gaz, le tapis volant et maintenant la tomme. Autant dire que le chaussée aux moines comme le saint Nectaire n’ont qu’à bien se tenir, car selon certains informateurs qui ont du flair, l’Iran produirait un fromage à tomber par terre. Il s’agirait du délicieux Iran-Verset, un de ces fromages qui prêche la bonne parole. Sans doute une façon moins périlleuse de se mettre au même régime que les mollahs, le tout sans sucre c’est à dire sans aide du coran. ((Cette tentative de parler à la fois de régime et d’édulcorant, n’était pas forcément très habile, et s’avère être une formule plutôt lourde à digérer. Mais qui a dit que je devais forcément être diététicien pour parler du régime iranien ?))
Autant vous le dire, ce n’est pas l’ONU que les fromagers du monde entier devraient appeler à la rescousse, mais plutôt l’organisme de règlement des différends de l’OMC. Plus sérieusement, vous voudriez que l’ONU fasse quelque chose ? Détrompez-vous. Ignoriez-vous que l’ONU et l’eunuque poussent les mêmes cris d’impuissance ? Hé oui cher lectorat, aussi sûr que l’agneau gnotte et que le geai sticule, l’eunuque et l’ONU cléairent. Dès que l’ONU cléaire, elle est impuissante. Même si c’est triste, c’est pourtant clair, non ?
Tout cela pour dire, qu’entre Israël et l’Iran, je me demande qui des deux aujourd’hui s’attire le plus facilement des ennemis. Vouloir faire porter le chapeau aux Israéliens, devient aussi commun que le port de la kippa dans une synagogue ; mais il faut admettre que les Israéliens ont bon dôme, au vu de la quantité de résolutions déposées contre eux. De leur côté, les dirigeants iraniens, au moyen de déclarations sinistrement provocatrices, ont le don de se mettre sous le feu des projecteurs, ce qui reste toujours mieux que le feu des projectiles.
Enfin, si toutefois l’un des acteurs venait à commettre un faux pas dans cette affaire, je suppose que l’histoire jugera que l’erreur était humaine. Les prochains penseront ce qu’ils voudront des conséquences, ce seront eux qui devront composer avec. Cela dit, comme l’expliquait le French doctor du guet d’Orsay, il est impensable de ne pas chercher une issue heureuse à la situation.
Et comme cela ne m’étonnerait pas, si c’est moi qui me trompe en continuant d’écrire absolument n’importe quoi, vous n’aurez qu’à vous dire que je m’humanise un peu plus. N’est-ce pas là la réussite de mon intégration parmi vous, chers humains adorés ? D’ailleurs, plutôt que de clore tristement cette chronique au son du clairon, je me permets de rebondir sur cette petite devinette concernant le titre du triptyque persan que vous avez subi jusqu’ici.
Quel est le lien entre la Perse et la Police ?
4 réponses à “Farce et police (III)”
Le lien entre Perse et Police ? Moi je vois qu’après s’être tapé Chirac, nous autres bipèdes gaulois, on se farsi Shiraz dans vos chroniques alcidéennes. Pour faire une trilogie, il faut que vous soyez un sacré shamane ; et la shamanie, ça satrape comment ?
Chère Gizmo,
très bel effort pour Jacques Shiraz !
Malheureusement la bonne réponse n’est pas le nom d’une ancienne capitale iranienne.
Pour ce qui est de la chat-manie, je ne sais pas trop comment elle satrape, peut-être en regardant trente millions d’amis ?
Oh là , là ! Evidemment ! Grosse faute technique, passible d’une exclusion temporaire… Ayant purgé ma peine, je reviens avec de meilleures intentions : le lien entre Perse et Police, c’est Roxane.
Époustouflant !
Chère Gizmo, c’est bel et bien la bonne réponse,
un grand bravo !