Farce et police (I)


Non, non cette chronique ne relate aucunement les déboires ou les clowneries des forces de l’ordre. Ceci est une chronique persane post-moderne, donc comme d’habitude je vous invite à  ne surtout rien prendre au pied de la lettre.

Ce n’est pas pour me faire shah botté, mais il y a des coups de pompes qui se perdent lorsque j’entends que le président Ahmadinejad est le chef de l’État iranien. Ce serait oublier que l’ayatollah Ali Khamenei n’est pas aussi manchot ((Réchappant à  un attentat en juin 1981, il perd l’usage d’une main et d’un bras.)) qu’il voudrait le faire croire ; il est très sérieux, j’en veux pour preuve qu’il dirige religieusement son pays. Ce ne doit pas être pour rien que la république islamique iranienne est une théocratie, réputée pour sa culture du thé vert. En effet, qui n’a jamais entendu dire qu’en terre islamiste, l’athée Perse est vert ; à  moins que je ne confonde avec les petits pois ?

Peu importe. L’Iran, disais-je, est un régime théocratique, dont Khamenei est le guide suprême – un titre à  durée indéterminée, pour ne pas dire à  vie et jusqu’à  ce que mort s’ensuive. Je poursuis ma définition : l’Iran, c’est le pays où les petits enfants regardent Titi et Khomeiny à  la télévision, surtout depuis que l’ayatollah a pris la place du gros minet en 1979. Comme quoi, même si ce n’est pas l’avis de Reza ou de Mohammad ((Les shahs Reza et Mohammad Pahlavi, donc.)) , il faut en convenir, en Perse nul n’est Iran plaçable.

Il faut dire que Mohammad Reza Pahlavi, l’empereur d’Iran, l’avait bien mérité, lui qui aimait se faire appeler la lumière des aryens ; c’est dire s’il devait être bon à  quoi que ce soit. Cela aurait été un mensonge que de dire que le courant entre lui et son peuple passait bien, et qu’il éclairait le pays de son éclat. Il faut bien l’avouer, son altesse ne brillait que par le luxe dans lequel il se complaisait à  vivre. Ce n’est pas pour rien que l’on dit que l’achat rend aise, sinon pantouflard, et que la fièvre acheteuse est une maladie qui satrape ((1.Gouverneur d’une province de l’empire perse ; 2. Homme despotique, riche et voluptueux.)) facilement, au point que l’on a ensuite qualifié le shah de panier percé.

Sous ses ordres, le pays disposait d’un service de sécurité domestique et de renseignement qui ne pouvait que pousser la population à  l’insurrection et au malaise. A cause de ce genre de services et de ses successeurs, l’Iran a longtemps eu, et a sans doute toujours, la réputation d’être (n’en déplaise aux dirigeants de la Russie qui voudraient que leur pays lui disputent ce sinistre titre) le pays du caviar tant en raison de l’exploitation intensive des œufs d’esturgeon que de cette manie immodérée de la censure.

L’on me signale à  ce sujet que certaines personnes s’amusent délibérément à  raconter des bêtises à  propos de l’Iran et à  vous dés-informer. Cela ne m’étonnerait guère, les mauvaises langues sont partout, y compris sur ce blog. Voici quelques exemples de désinformation : « saviez-vous par exemple que le plat national n’est pas la tomate farcie ? ou encore que lorsque les chiens errants aboient, la caravane s’éraille ? De même, autant il a été prouvé que l’Homme des casernes est au militaire ce que Lucy est à  l’Homme, autant l’Irang-outang dégénéré serait l’ancêtre du gardien de la révolution. »

Etonnant, non ? Enfin ce n’est pas tout à  fait faux puisqu’il y a bel et bien eu une révolution iranienne. Celle-là  même qui a réprimé tous ceux qui avaient osé crier « No Pasdaran !« .

Qui sont les pasdarans de la première heure ? Ce sont ces gens du genre fiévreux et sanguinaires, qui ont engendré l’ébola entre deux zèbres, non pardon je corrige : les pasdarans ce sont ces gardiens de la révolution qui ont accouché du Hezbollah entre deux cèdres. Peu enclins à  rire, ne serait-ce qu’au nez et à  la barbe de leur chef spirituel, leurs actions auraient très bien pu être inspirées par cet idéologue et dictateur : Mao Tse Tung, qui aimait clamer que « la révolution n’est pas un dîner de gala« , et qui, poursuivant un délire d’affirmations marxistes sur la lutte des classes, ponctuait ses discours de paroles effrayantes telles que « le pouvoir est au bout du fusil ». ((Vous remarquerez que sur le drapeau du Hezbollah, l’on trouve un fusil mitrailleur AK-47.)) Vous comprendrez donc à  quel point il valait mieux ne pas être désarmé face à  de tels propos, car contrairement à  ce que l’on croit, les mollahs sont des durs et ne sont pas de ceux qui s’arment de patience devant les opposants politiques ou les pays voisins.

Oui, car l’Iran a eu bien du mal à  s’entendre avec son voisin l’Irak. D’ailleurs parler de l’un sans l’autre se serait comme oublier la guerre qui les a stupidement affaiblis pendant près de dix ans ((De septembre 1980 à  août 1988. Et ce n’est pas pour jaboter mais c’est l’Irak de Saddam Hussein qui l’a déclarée.)) sans qu’aucun d’entre eux ne se retrouve grandi par cette expérience traumatisante, qui a embrasé le Moyen-Orient. Pire, sans conter l’immolation de la région, on a aussi rapporté que des armes chimiques avaient été utilisées pendant le conflit. Autant dire tout de suite que Saddam Hussein ne manquait vraiment pas d’air pour avoir fait étouffer autant de personnes, ce que l’on peut considérer comme un véritable gâchis en ressources humaines. Cependant, réjouissons-nous, les guerres les plus longues et les plus mauvaises ont cela de commun avec les bonnes choses : elles ont une fin.

Ce n’est pas pour conclure, mais l’humble pingouin que je suis vous narrera prochainement la suite de cette chronique persane.


5 réponses à “Farce et police (I)”

  1. Tu bosses bien monsieur Pingouin, j’ai bien ri en lisant ta chronique.

    Petites précisions :

    – En plus du thé vert, on cultive une autre variété qui traine un peu partout dans les rues de la capitale : le thé errant.

    – Depuis 1979, le régime islamiste iranien a instrumentalisé l’histoire du Shah bouté pour en faire un conte pour enfants pas sages…

  2. Merci Papa panda,
    et merci pour tes précisions.
    J’ai appris de la branche du renseignement de la SPA, que si le shah a préféré quitter l’Iran, c’est parce que Khomeiny possédait un teckel à  qui il répétait souvent : « Qui aime bien châtie bien. » Autant dire que le shah avait de quoi avoir peur.

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