Histoire de voisinage


Pendant que l’on subprime de nombreux espoirs de remboursement immobilier Outre-Atlantique, et que les catholiques fêtent le rapt céleste d’une habitante de Nazareth répondant au doux nom de Marie, l’Asie du sud affronte des pluies diluviennes.

Dans cette région du blog, pardon, je recommence, dans cette région du globe, on célébrait aujourd’hui les soixante ans de la partition d’une ancienne colonie britannique. Le 15 août 1947, le Pakistan et l’Inde se séparaient dans la douleur d’un million de personnes sur les sentiers de la migration forcée, puis entraient en guerre au Cachemire à  peine deux mois plus tard ; c’est dire si leur entente était tout sauf cordiale. Car autant les guerres intestinales en Palestine sont le cancer du colon en Israël, autant les guerres au Cachemire ont le don de mettre les Indiens et les Pakistanais de mauvais poil.

Ce n’est pas pour jaboter, mais les problèmes de voisinage sont monnaie courante, pas seulement lorsque votre voisin du dessus commet un dégât des eaux. Il suffit pour cela de s’attarder d’un peu plus près sur la relation franco-allemande au cours des siècles, pour comprendre à  quel point elle fut belliqueuse.

En tant qu’humble pingouin, je ne souffre guère de problème de voisinage du haut de mon petit nid douillet. Depuis que j’ai démontré tous mes talents d’horloger en remettant les pendules à  l’heure d’un bon nombre d’importuns, plus grand monde n’ose tenter de squatter chez moi, surtout depuis que j’ai fait des prisonniers.

Je vous rassure immédiatement, je respecte les conventions de Genève. Ce serait bien dommage de ne pas les appliquer lorsque l’on demeure au pays des droits de l’Homme. Pourtant je sens se poser sur moi votre regard désapprobateur à  l’idée que je puisse avoir capturé certains de vos semblables, ce qui entre nous n’est pas le cas. Néanmoins, je peux vous assurer que ces créatures seront bien traitées, même si ce ne sont jamais que de lâches manchots maladroits incapables, même à  plusieurs, de tenir tête à  un pingouin ordinaire.

Maintenant en tout cas, je suis sûr qu’ils me ficheront la paix, après tout n’est-ce-pas de bonne guerre ? Je ne l’ai pas volée que je sache, cette victoire ? «Si vis pacem, para bellum.» écrivait l’autre ((L’aut’e, ce se’ait maît’e Végèce pa’ait-il.)) . J’étais bien mieux préparé qu’eux à  faire la paix, c’est sûr et certain, même si je crois que ce n’est pas la méthode qui convient à  un alcidé se voulant pacifiste.

Non, j’aurais plutôt vu quelque chose comme le très hippique mot d’ordre «Faites l’amour, pas la guerre.». Lorsqu’il faut courir après la gloire, autant le faire en étalant ses atouts, en cherchant à  être le favori de ces dames. Car croyez-moi, si ces dernières apprenaient que vous partiez à  la guerre, sachez qu’elles préfèreraient vous voir non-partants plutôt que volontaire à  cette boucherie organisée, où chacun s’étripe salement dans les tranchées, et où les fuyards finissent leur course au poteau, non pas rose, mais d’exécution. Alors ne vous laissez pas prendre dans l’hongrenage, retirez ces oeillères qui vous empêchent de penser en pacifiste bien à  cheval sur les principes, mettez plutôt un oeillet à  vôtre poche et profitez de la vie.

Je suis trop pacifiste, même pour crier : «Messieurs les ongulés, tirez les premiers.» , chose que seules les juments ne renâcleraient pas à  dire. Enfin, quant aux bellicistes qui trouvent décoiffant d’avoir les chevaux au vent et en bataille, je préfère batifoler dans l’herbe en leur douce compagnie en attendant la Troisième. J’aurais au moins pris du bon temps avec mes prochains, et partagerai avec eux ces derniers mots : Liberté, Equidé, Fraternité.


Une réponse à “Histoire de voisinage”

  1. Quelle plaisir d’avoir des nouvelles fraiches en direct de la banquise !

    Les Pandas ne jabotent pas mais s’inclinent bien bas pour saluer l’offensive venue du froid.

    Quand à  moi je dirai simplement : fête de l’humour, pas la guerre !

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