Ils ont touché le fond



En descendant à  4621 mètres sous le pôle nord, les Russes ont touché le fond, enfin ce n’est pas pour jaboter, mais je dirai plutôt que c’était pour toucher des fonds. En effet, deux députés et un scientifique ont été envoyés là -bas dans le but de marquer le territoire d’un lourd drapeau de titane et d’effectuer des prélèvements.

Ainsi en envoyant deux parlementaires, les Russes nous ont mis en présence d’un geste politique là  où un foreur et un percepteur des impôts auraient largement suffi à  accomplir la basse besogne. Mais que voulez-vous, il faut aller plus loin que la surface des choses et travailler en profondeur, ce que ne manqueront pas de faire les juristes russes qui invoqueront l’article 76 du chapitre six de la convention des nations unies sur le droit de la mer dans le but de s’approprier du terrain supplémentaire.

Bref, dans cette affaire, les dirigeants russes n’ont pas seulement baissé dans mon estime, ils ont tout simplement coulé. Et les Américains n’en mènent pas large non plus, puisqu’ils entendent faire la même chose de leur côté de l’Arctique. Viendra aussi le tour des Danois ou des Norvégiens, afin que chacun des protagonistes puisse se rappeler un jour à  quoi ressemblait la guerre froide. Vu les températures locales, je pense qu’ils n’auront aucun mal à  s’imaginer ce que ça pouvait vouloir dire d’être en froid à  l’époque de Brejnev et Reagan. J’espère juste qu’ils sauront empêcher la situation de s’envenimer, et qu’ils changeront leurs fusils des pôles avant d’en arriver à  l’Arctique de la mort.

De toute façon cette querelle n’est que la partie émergée de l’iceberg, c’est encore plus gros qu’une simple histoire d’extension de territoire, c’est tout bonnement une histoire d’or noir. Sachez pourtant que je ne vais pas me plaindre qu’un tel ou un tel s’arroge une nouvelle exploitation de pétrole, c’est ce que tout le monde essaye déjà  de faire. Mais moi, tout le monde me barbe en me rabâchant qu’il faut se préparer à  l’après-pétrole, alors que tout ce qui m’importe chaque matin, comme tous les Hommes, c’est l’après-rasage pas les questions géopolitiques.

Encore que, si les parties concernées trouvaient un accord, je dirai alors que c’est au poil, mais comme d’habitude je vous ferai remarquer qu’il y a toujours un blaireau pour se faire mousser, et ça c’est rasoir.

Est-ce que je divague ? Peut-être bien, car a-t-on sérieusement déjà  vu un pingouin se raser ? Non, et des pingouins à  moustache ? Non plus ; c’est dire si je gagne un temps fou chaque matin après avoir pris mon bain comparé à  mon lectorat homo sapiens.

Aussi je ne m’étendrai pas plus longtemps sur mes ablutions, pendant que certains pratiquent l’ablation de notre patrimoine terrestre. Ne le bradons pas, déjà  qu’il fond comme neige au soleil, ce serait dommage de ne rien faire. Si nous faisions disparaître la calotte glaciaire, paradoxalement ce serait nous qui en porterions le chapeau. Alors qu’on se le dise, cette chronique reflète mon opinion de pingouin et quoi qu’on banquise je n’en resterai pas de glace.


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