Histoires roumaines



Cette chronique est destinée à  l’usage de ceux qui pensent que les Roumains sont une espèce d’individus qui hantent les transports en commun parisiens, alors qu’ils les confondent à  tort avec des gens d’origine géographique indéterminée.

En vérité, les Roumains habitent la Roumanie dont la capitale Bucarest est considérée comme le petit Paris ; c’est dire si les Roumains ont bon goût. Pourtant même si l’on y compte nombre de francophones, en Roumanie on ne dit pas : « Nos ancêtres les Gaulois. », mais : « Nos ancêtres les Daces. ».

Beaucoup ignorent que les Daces qu’on appelle aussi les Gètes, étaient en fait des Thraces, qui ont, n’en déplaise à  certains, justement laissé leur empreinte dans l’histoire. Les spécialistes en la matière affirment que même si ce sont bel et bien les Turcs qui nous ont enseigné l’art de faire le café, il n’en demeure pas moins que c’est en Thrace qu’on aime mieux le déguster, de préférence par une journée ensoleillée.

Saviez-vous que les Daces étaient un peuple fier, qui entendait résister aux armées romaines de l’empereur Trajan en l’an 105 de notre ère ? A l’entrée de ce dernier sur le territoire, Décébale le roi des Daces s’exclama : « Mais qui valaque ? Gète est là  le premier ! Retourne donc d’où tu viens ! ». Ce ne fut que de vaines paroles audacieuses, car le Romain sans y prêter attention, fit plutôt parler l’acier des glaives de ses légionnaires. Quelle déception pour Décébale et ses bidasses, car Trajan fut si victorieux que les journalistes de l’époque gravèrent ses exploits en 155 épisodes sur toute une colonne à  Rome ((La colonne Trajane)).

Toujours est-il que près de deux siècles plus tard, les légions romaines pliaient bagage. Bien entendu, tout ça n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd, et sans mot dire, les cohortes impériales furent remplacées par les Carpes, ô combien réputés ne pas faire de discours avant la bataille, et à  propos desquels bien des historiens sont restés muets, certainement parce qu’ils pèchaient par manque d’information.

Ensuite, de même que les Gaulois sont devenus des Francs puis des Français, les Daces devinrent des Valaques puis des Roumains. La transition à  ce sujet reste encore mal renseignée, ce qui nous prouve bien que les historiens continuent de pécher, ces infidèles !

Mais pis encore ! Dans la confusion générale qui règne autour de ces circonstances mal établies, les Roumains se plaignent aujourd’hui qu’on les confonde allègrement avec les Roms. Alors qu’il est pourtant si simple de les distinguer !

Tout d’abord le Roumain vient de Roumanie, tandis que le Rom ne vient pas de Rome sans quoi on l’aurait appelé le Romain, mais vient d’ Inde, autant dire qu’il revient de loin. Ensuite le premier est sédentaire alors que l’autre est nomade, ce qui veut dire que le Roumain défend ses frontières pendant que le Rom les traverse au volant de sa Mercédès. Hé oui, car le Roumain ne roule pas en Mercédès, mais il roule en Dacia s’il vous plait.

Prenons deux exemples en guise d’illustration : primo, alors que les Roumaines, comme les Espagnoles, ont tendance à  rouler les ‘r’, les Français ont en revanche la réputation d’essayer de leur rouler des pelles. Secundo, alors que les Françaises aiment rouler des mécaniques en achetant de faux sacs Louis Vuitton pour jouer les poules de luxe auprès du premier venu, les Roms, qui je le rappelle viennent dinde et dont la réputation est d’être volages, s’amusent eux à  se faire passer pour des rois d’Égypte ((C’était une pratique des gens du voyage au Moyen à‚ge en France qui leur permettait d’être reçus à  de bonnes tables avant de donner une représentation, ou de figurer dans les livres de Victor Hugo du côté de Notre Dame de Paris. C’est du mot Égypte que dérive le mot anglais de gypsie, et le mot espagnol gitanos, car beaucoup pensaient que ceux qu’on appelait les Bohémiens en étaient originaire. D’ailleurs les Bohémiens ne viennent pas non plus de Bohême mais on dit qu’un roi de Bohême leur avait octroyé un permis pour circuler en Europe. Bref, quoi de plus normal pour un Rom que de se faire passer pour un Gypsy Kings dans la chronique d’un pingouin ordinaire, alors que chacun sait que le roi d’Egypte le président égyptien s’appelle Hosni Moubarak ?)) afin de mieux rouler les dames oiselles dans la farine au creux de leur nid douillet ; le comble étant bien sûr, lorsque les Françaises s’en aperçoivent puis demandent réparation, et que les Roms leur roucoulent les oeufs dans les oeufs qu’ils sont blancs comme neige. Telle est prise qui croyait prendre, et à  l’attention de celles qui s’égarent sur les sentiers de la contrefaçon, je les mets en garde : « Bien Valachie ne profite jamais. ».

Ceci dit, le véritable signe distinctif des Roumains réside dans le fait qu’ils ont non seulement la manie de se teindre les cheveux en roux, mais en plus celle d’infliger ce traitement à  leurs mains, d’où le nom de Roumains.

D’ailleurs il ne fut pas question de perdre la main, surtout s’ils ne pouvaient se mettre au vert, lorsqu’ils furent contraints de se mettre au rouge à  l’arrivée des soviétiques à  la fin de la Deuxième ((Rappel lexical)). L’usage du rouge devint maladif, notamment la rouge-geôle cette maladie carcérale dont on maramure qu’elle sévit encore aujourd’hui secrètement au profit d’agents de la CIA qui se terrent on ne sait où ((En effet, la Roumanie a été accusée d’héberger des prisons secrètes pour le compte de la CIA.)) . La mode du rouge à  la tête du pays, quant à  elle, perdurera jusqu’au 25 décembre 1989, où il fut enfin de bon ton de dire que pour les Ceaucescu ça sentait le roussi. Il va de soi, que c’est le père Fouettard qui s’est occupé personnellement des deux époux, tandis que le père Noël s’assurait de retransmettre l’exécution à  la télévision, ce qui consisterait en un dernier cadeau commun à  tous les Roumains, une sorte de dernier legs du communisme.

Depuis, ayant retrouvé leur droit de teinture et de vote, on a vu par esprit de contradiction, de nationalisme ou de revanche hollywoodienne, certaines Roumaines se teindre en blond en invoquant l’amour des Daces pour l’or et sa couleur. A présent plutôt que d’évoquer le blond platine on parle de blond dace, mais gare aux quiproquos car comme je le citais plus haut, les Daces sont un peuple fier.

Et ils peuvent l’être puisque leur président, Trajan Basescu, est parvenu à  faire entrer le pays au sein du club bientôt très fermé de l’Union Européenne, au même titre que les Bulgares, mais pas tout à  fait comme les Allemands ou les Français qui les regardent un peu comme les Parisiens regardent les individus qui logent de l’autre côté du boulevard périphérique, c’est à  dire avec dédain.

Evidemment, les Français, ne devraient pas ignorer que des ressortissants d’une confédération voisine, dont les salaires moyens sont près d’une fois et demie supérieurs aux leurs, les regardent de cette même façon.

L’Union Européenne, bien souvent hélas molle d’avis comme de chemise, puisse-t-elle donc retourner pour une fois sa veste favorablement à  l’égard des nouveaux entrants, qui doivent rattraper les années fastes dont ils ont été privés pendant un demi-siècle d’aberration totalitaire.

Maintenant que cette chronique touche à  sa fin, je vous l’avoue et ce n’est pas pour jaboter, mais je me carpaterai bien à  la montagne pour échapper au son frénétique du Danube riant qui sévit jusque sur les ondes hexagonales ((Que les Roumains se rassurent, Dany Brillant est bel et bien Français.)). Pourvu que celui-ci se jette dans la mer Noire, cela me ferait une raison d’y barboter en paix.


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