Lauréats du bac à  sable – édition 2007



Pour notre lectorat étranger qui ignorerait ce dont il s’agit, le Baccalauréat est une institution républicaine que l’on a su si bien démocratiser, que les plus pingouins d’entre nous, pour ne pas dire les plus manchots (il ne faudrait pas non plus exagérer), en sont même titulaires. J’adresse ce message plus particulièrement à  ma petite nièce, Lyne, qui est un peu courte de taille, mais qui en dépit des apparences avec sa cervelle de Moinaux ((Georges Moinaux dit Courteline.)) n’est jamais à  court d’idées.

Donc, le Bac, je poursuis : c’est une tradition de fin d’année scolaire, à  laquelle les élèves en phase terminale de la crise d’adolescence ((Une bien ingrate maladie qui ne touche que les jeunes avant qu’ils n’atteignent la maturité de l’esprit. Le premier des symptômes les plus connus est l’apparition de bubons écarlates sur le visage. Le second est un comportement irrationnel, qui réapparait parfois chez certains sujets à  l’âge de quarante ans.)), se livrent à  travers une série d’épreuves intellectuelles, avant de pouvoir s’entasser dans des universités, qu’ils quitteront parfois avec ce diplôme pour seul bagage.

Cette année comme toutes les autres, parmi les lycéens qui ont planché, la moitié a été lessivée en passant le bac, alors que l’autre s’attablait à  le repasser. Et comme chaque année, ça n’a pas fait de pli, quelques uns s’y sont frottés et ont essuyé des revers de circonstance. Ceux-là  se feront passer un savon par leurs parents, et ils l’auront bien mérité car ils n’avaient qu’à  mettre plus d’ardeur à  la tâche.

Les chiffres sont néanmoins réjouissants : on va jusqu’à  dire qu’ils sont en plein essor, ce qui devrait donner aux média une bonne raison de nous bassiner avec. Pendant ce temps-là , les lauréats du concours consommeront les festivités bacchanales de leur succès ; les recalés, eux, s’en retourneront à  la révision de leurs annales, mais sans le bac. Ces inadmissibles rejetons, aussi doués que des pachydermes, n’en auront pas moins de mal à  aller contre leur nature, qui est bien évidemment de se tromper. S’ils continuent sur cette voie là  ((La voie royale peut-être ?)), ils pourront entrer au Parti Socialiste, qui en ce moment ressemble beaucoup à  un cimetière d’éléphants. C’est pour ta défense et ivoire plus clair ma petite Lyne, que je te mets en garde, parce que lorsque l’on passe le bachelot, tout n’est pas rose, Lyne, surtout à  la Santé.

En effet, même en prison, on peut passer le bachot, mais les candidats doivent s’acquitter d’une épreuve supplémentaire de travaux pratiques en profondeur de géologie : c’est l’ébat geôlier, qui à  ce que l’on en dit n’est pas joli joli à  voir, mais qui en dit long sur les conditions de la vie carcérale. Ce n’est pas pour rien que l’on dit que les cerbères vous font mener une vie de chien ou une vie d’enfer.

J’ajoute aussi à  l’usage de ceux qui en douteraient, que l’on peut passer le bac à  tout âge ! Oui, j’ai même vu débarquer dans un lycée cet adepte chevronné du bachotage sur les eaux du Styx, Charon le bien nommé passeur, Ariel de son propre nom, qui rêve de décrocher son bac, car aux dernières nouvelles la seule chose qu’il serait actuellement capable de passer c’est de vie à  trépas.

Alors pour une dernière fois encore, je m’échine à  laver l’affront qui frappe cette nouvelle génération de bacheliers, comme il a frappé la mienne : les gars, vous n’êtes pas plus cons que les autres, et ça, même si certains vous disent que le bac ne vaut rien. C’est quand même mieux de l’avoir, pourquoi vos parents vous auraient-ils poussé à  l’obtenir ? Peut-être bien parce qu’eux-mêmes ne l’avaient peut-être pas. Alors, n’attendez pas face à  cette maladie qui nous ronge, faites comme moi, bac-sinez vous !

, ,

Une réponse à “Lauréats du bac à  sable – édition 2007”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *