Une de mes dernières chroniques m’a donné envie de crier : «Gare à vous !». Puisque que le mois de Juin ((Du même nom que le maréchal.)) s’y prête, offrons nous une chronique militaire.
En prévision de la période allant du 18 au 24 juin, je tiens à mettre en garde mon lectorat, que se tiendra bientôt la grand messe du pape militaire et de ses évêques Dassault et Lagardère. D’ailleurs à propos de ce dernier, pour une fois ce seront les gens qui se rendront à lui et son EADS chéri.
Cet évènement mondial bi annuel, plus connu sous le nom de salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, nous brisera les tympans avec ses chasseurs à réaction. Pendant près d’une semaine l’habitant devra renouveler son stock de boules Quiès et supporter les vrombissements de ces machines de guerre prêtes à être utilisées en attente de la Troisième ((Voir le lexicon)).
Au cours de ce même laps de temps, les exposants feront en sorte de rendre attrayants, tant aux yeux des acheteurs que ceux du public ébahi, ces appareils absolument inabordables pour l’individu moyen afin de les vendre à prix d’or et de financer leurs vacances aux Bahamas. Mais qu’importe après tout, si pour eux les affaires tournent mal, ils auront toujours leur parachute doré de secours pour jouer la fille de l’air ; et ce n’est pas Noël Forgeard qui me contredira.
Il me vient une question à l’esprit : comment peut-on payer pour voir défiler des avions de guerre dans le ciel ? Est-ce que les enfants en Irak ou au Darfour n’ont pas déjà assez payé, eux, pour les voir défiler dans l’espace aérien ?
Si les gens veulent voir des acrobaties, qu’ils aillent au cirque même si les hommes des casernes eux aussi prêtent à rire ; ou alors qu’ils restent hors de l’enceinte de l’aéroport. Les meilleures places ne sont pas à l’intérieur des halls d’exposition, je parle en connaissance de cause. S’ils m’écoutent, les gens verront voler les avions suffisamment bien, vu qu’ils seront en l’air, à moins que le torticolis n’aie raison de leur fétichisme aérien.
Je vous en conjure. Regardez les de loin, n’allez pas voir les avions de près ; parce que de près, ils sont gardés par de féroces soldats, qui n’hésitent pas à faire mugir leurs réacteurs au dessus de nos campagnes. Je vous le dis, c’est pas pour cafter, mais les avions de guerre c’est mal.
Que nous en possédions pour assurer notre défense est une chose, savoir qu’ils sont en train d’effectuer des frappes chirurgicales sur nos écrans de télévision en est une autre.
Economisez plutôt votre argent pour vous payer un billet jusqu’aux antipodes ou aux Andes, vous aurez l’illusion de faire un vol de nuit avec l’Aéropostale. Et au moins ça ne vous laissera pas sur votre faim, parce que de toute façon il faut vous l’avouer, à moins que vous ne soyez vous-même pilote de chasse, vous ne piloterez jamais l’un de ces appareils. Pour cela, il ne vous reste que votre imagination, aussi fertile que le plancher des vaches, et la possibilité de vous offrir un simulateur de vol pour décoller sans turbulence grâce à votre plateforme de jeux video préférée. Encore que, si vous manifestez par quelque heureux hasard des talents de sorcières, le manche à balai reste une bonne solution.
On peut aimer les avions, et même aimer les prendre pour faire des allers et retours d’un continent à un autre, mais pas pour s’enorgueillir de la capacité de destruction de certains d’entre eux.
Lorsqu’on me parle de larguer des bombes ou de la portée des missiles qu’on peut attacher aux ailes, là tout part en vrille et je me mets à piquer du nez. Il m’est alors impossible de redresser l’assiette, c’est le ras le bol, et je préfère m’écraser en pensant à autre chose.
Mais par dessus tout, ce qui me ferait plaisir de faire aux militaires, ce serait de faire taire leurs aéronefs. Sans pour autant être un féroce soldat moi-même, je possède aussi un côté militaire.
En effet, j’aime me mobiliser contre la guerre. J’aimerais faire déguerpir les combattants, les emmener au stade de l’après-guerre, pas celui de l’entre-deux, mais bien celui où l’on parle d’elle au passé. Et quand bien même je serais un vieux coucou rouillé, à l’image de la colombe de la paix, moi, simple pingouin entends déployer mes ailes et nombre d’efforts pour que les guerres soient évitées quand elles ne sont pas nécessaires. Je n’ai pas peur des aiglons de l’école de l’air ou des marsouins ou encore d’autres animaux belliqueux en tenue de léopard. Ils pourront me voler dans les plumes, peu importe, en tant que pingouin je n’en démordrai pas. Je suis un animal de paix, et ce n’est pas de tout repos.