Il ne s’agit pourtant pas d’une mince affaire au premier abord, puisque je le qualifie presque d’incident diplomatique. Presque tous les rédacteurs de blogs en parlent, ou du moins croient être les seuls à en parler. Pourtant aucun d’entre eux n’a osé ce qu’a osé en premier ce journaliste, Eric Boever : comparer Nicolas Sarkozy à l’incroyable Michel Daerden, et ça en raison de la prestation du président des Français au G8. ((Le président s’exprime à la tribune du G8)) Le journaliste belge de la Deux lâche un commentaire osé à propos du président français : « Michel Daerden a de la concurrence ! ». Il fallait être culotté pour le faire, c’est à dire belge, parce que vous le savez bien : les Françaises et les Français descendent des sans-culottes.
A destination de mon lectorat qui ignorerait qui est Michel Daerden, je vous invite à vous renseigner sur sa personne, vous comprendrez mieux ainsi la gravité de l’accusation. ((Mais qui est donc Michel Daerden ?))
Nous ne dirons pas que le président français a été ridicule, ce n’est pas comme s’il avait été une précieuse. Et quand bien même l’eut-il été, ce n’aurait pas été si grave de toute manière, puisque cela fait des années que les personnalités médiatiques nous prouvent avec l’acharnement d’un candidat récidiviste au suicide que le ridicule ne tue pas. Pourtant dieu sait que certains pingouins ici-bas s’acharnent à renouveler leurs tentatives de meurtre à l’usage de chroniques assassines.
Alors quant à la prestation de Nicolas Sarkozy, ravisons nous, modérons nous sans nous censurer à l’instar d’un France Soir ou d’un Paris Match, écrivons plutôt qu’il a prêté à rire.
Parce qu’en matière d’ébriété, le ridicule n’a jamais été mieux incarné que par Boris Eltsine. Boris Eltsine prêtait tant à rire, que j’ai longtemps cru que les fameux emprunts russes de 1906 ((Emprunts qui auront franchement bien faire rire jaune nos ancêtres les Gaulois de la Grande Guerre quand, Lénine et sa horde de joyeux, mais sauvages, révolutionnaires rouge sang annoncèrent en 1917 qu’ils ne rembourseraient pas.)) avaient été créés pour l’aider à rembourser la tragicomédie qu’il nous avait livrée sur la scène internationale.
Pour en revenir au président Sarkozy, il n’était absolument pas ridicule ; et comme disait le petit Guy, il ne faut pas se Môquet des personnes de petites tailles, sinon elles vous fusillent du regard et vous décochent des piques acerbes, qui ne vous font feront pas mourir de rire.
Dans l’allocution du président, le plus inquiétant n’est pas qu’il ait gagné par cette manoeuvre hasardeuse quelque crédit auprès des institutionnels piliers de comptoir de la république, mais plutôt qu’il n’ait pas fini de rembourser son ardoise : en effet, les téléspectateurs demandent déjà une autre tournée générale.
De leur côté de la frontière, les étrangers se gaussent, et se disent à l’oreille en bons planqués qu’ils sont : “Avec Nicolas Sarkozy, les Français n’ont pas fini de trinquer.â€. Ils ont raison, car à l’intérieur, l’UMP sabre le champagne.
Les journalistes ne nous ont pas dit si la soirée électorale d’hier avait été bien arrosée du côté de l’Elysée, ou si l’on attendait dimanche prochain pour lâcher des vannes et tout écluser devant le piètre barrage de l’opposition, qui elle risque de se noyer dans l’alcool pour oublier son score.
Qu’importe, au risque de paraître imbuvable, je rappellerai qu’il ne faut pas consommer plus que de raison, sans quoi l’on s’expose à une conduite reprochable et quelque peu humiliante, qui vous amène à être comparé à Michel Daerden au naturel.