Aujourd’hui je vais faire un tabac. Oui, parce que c’en est la journée mondiale. Non pas que je sois pour le tabac, j’ai toujours été contre. Ce n’est pas dur d’être contre, si ? C’est le genre de choses qu’on n’aime pas, comme la Mort ou les métastases, ce n’est pas Jean-Claude Brialy qui m’aurait contredit.
Mais être pour le tabac, ça c’est une idée saugrenue. D’abord aller dépenser son impôt quotidien ou hebdomadaire en achetant des mastabas de carton pour en tirer des petites feuilles de papier roulées par Smith et Wesson ou Philipp Morris, je trouve ça con. C’est votre argent après tout, mais je trouve ça con quand même. Et comme ça on ne pourra pas dire que cette chronique est sponsorisée par les marchands de mort lente par inhalation, encore que je n’ai pas vérifié mon portefeuille d’actions. Si ça se trouve, je me fais de l’argent sur le dos des fumeurs, ce qui au vu du préjudice ne serait que justice.
A quoi bon fumer si ce n’est pour faire croire qu’on possède quelque chose en plus ? Je l’avoue, les fumeurs ont quelque chose de plus que ma grand-mère un jour centenaire : un cancer du larynx ou une maladie respiratoire, ainsi qu’une mauvaise haleine, sans oublier bien sûr les dents et les doigts jaunis par la nicotine. D’après notre ministère de la santé, un cancer sur quatre est associé au tabac. Comme ça à l’hôpital vous saurez à qui vous adresser si vous avez envie de vous en griller une. J’exagère vous pensez ? C’est vrai que l’on dit que monsieur Pingouin en fait souvent trop. Mais comme monsieur Pingouin est toujours du bon côté de la ménagère, il n’hésitera pas à la défendre vaille que vaille.
N’empêche, comment en vient-on là ? Comment commence la transition de l’Homme au Sapiens à la Gitane Maïs ? Tout simplement en voulant faire comme les grands. Tout commence par une simple imitation. Oui, alors si les petits devaient imiter systématiquement les grands pour devenir meilleurs, j’aimerais qu’ils cessent de copier ceux qui finissent sur le bitume la faute à Borloo, ceux qui toussent le nez dans le caniveau la faute à Bachelot, ou encore ceux qui finissent le fusil à l’épaule la faute à Dassault.
J’entends les amoureux du cinématographe me dire que la cigarette rend élégant. Ils me montrent alors une photographie de Humphrey Bogart. D’accord, Bogart était élégant, mais était-ce vraiment la cigarette ? S’il suffit de sentir le goudron pour paraître élégant, l’ouvrier qui travaille en sueur le macadam au marteau-piqueur doit atteindre des sommets d’élégance dans son bleu de travail.
Et puis je ne sais pas pourquoi je me fatigue comme ça à le répéter, c’est écrit partout, et même sur les paquets de cigarettes : fûmer nuit gravement à la santé, celle des autres, celle de votre bébé, et surtout bon sang de bonsoir, fumer rend impuissant ! Vous êtes malades, les mecs ? Ca rend impuissant ! Sapristi alors ! Quelle incroyable attitude génocidaire, mes amis ! Pensez à vos spermatozoïdes un peu ! Là vous agissez comme si chaque cigarette roulée était un hommage de mauvais goût à Auschwitz dès lors qu’elle fût partie en fumée.
Fumer, c’est mal. Est-ce que je fume, moi, d’abord ? Est-ce que je me fais un plaisir d’empester votre air pur avec mes exhalaisons viciées ? Non. Car on n’a jamais vu à ce jour de pingouin qui se serait abaissé à fumer. Seuls les manchots à la rigueur pourraient en être capables, ce qui en dit long sur la flopée de bras cassés que sont ces fumeurs éclopés. Si vous avez un peu de dignité pour vous-même, ne vous abaissez pas à vous prendre pour un incinérateur ambulant. Vous verrez, inconscients lecteurs fumeurs que vous êtes, que ça n’a rien de transcendant de parler comme Darth Vader au quotidien.
Vivement le premier janvier 2008 qu’on se marre en vous regardant cloper dehors sous la pluie ou la neige. Une fois n’est pas coutume, je me reprendrais bien des actions Pfizer, vous savez ? Ce sont les Américains qui vendent les Nicorettes. Je parie que vous allez en avoir grand besoin à l’avenir.