Du lard moderne


Suite à  ma brillante proposition d’hier en l’honneur de la nuit des musées, j’ai décidé de faire briller la culture, mais j’en suis hélas resté sur les trois premières lettres.

Après une visite dans le très oriental et dépaysant musée Guimet, je me suis risqué à  une visite du palais de Tokyo plus connu sous le nom de musée d’art moderne de Paris. N’ayant eu que peu de trajet à  effectuer d’un musée à  l’autre, je me félicitais de mon astuce et de mon génie. Profiter de deux endroits sans débourser un centime, ah la brillante idée ! Et bien j’ignorais à  quel point je me fourrais le doigt dans l’œil.

J’avais entamé mes pérégrinations dans ce dédale lorsque dans une salle, je me figeais face à  un cadre. Mon voisin qui se tenait à  ma droite grimaçait et se grattait la tête. C’était un ecclésiastique. Il me demanda, inquiet, en désignant du doigt une œuvre qui se résumait à  un trait presque disgracieusement tracé de travers sur une feuille blanche : <<Excusez-moi monsieur, mais est-ce que c’est de l’art ?>>. Je lui rétorquai : <<Mon évêque, je vous le confesse je ne sais pas si ceci est du lard mais cela ressemble à  une vraie cauchonnerie. C’est du lard moderne ! C’est gras, ce n’est peut-être pas tout à  fait laie mais en tout cas c’est suffisamment moche pour mériter de finir au bûcher.>>

Je ne sais pas laquelle de mes remarques faciles l’a le plus outré, mais s’il fallait parler de loutre et des mustélidés, j’aurais bien eu quelques noms joyeux à  lui distribuer comme celui de blaireau. Néanmoins le saint-père a tourné les talons, et est sans doute allé quérir les conseils artistiques d’un autre pèlerin, un peu moins prompt à  mouffeter.

Bref, j’en reviens à  cette visite porcine, mais décemment point cochonne, dans les lieux du palais de Tokyo. Hormis la gratuité des lieux pour l’occasion, j’avoue avoir eu du mal à  trouver du bon dans les expositions. Et pourtant ! Il parait que tout est bon dans le cochon. Hé bien, il doit seulement paraître alors, parce qu’en goûtant ça ne m’a exceptionnellement pas plu. Des filets, pas mignons, d’acier suspendus au plafond ainsi que des palettes clouées au sol m’ont vite échiné pendant que je rôtissais sous le feu des projecteurs. Autant dire que mon auguste personne brillait de mille feux, et qu’avec ce que j’ai dû bronzer, je n’ai pas honte de dire que j’ai été moi-même exposé à  des risques inconsidérés au mépris de ma santé physique et mentale, et ça de la tête aux épaules !

Évidemment, à  l’heure du festival de Cannes, je l’ai prouvé, je suis une œuvre cinématographique sur pattes, et je me suffis sans doute à  moi-même en de pareils moments. Enfin d’ici que j’aie mauvais caractère et qu’il me pousse une queue en tire-bouchon, les poules auront des dents et du dentifrice pour mettre sur les brosses qui vont avec.

Mais ne soyons pas vaches avec l’lard moderne, dans l’lard y a aussi l’bacon. Francis de son prénom, mais lui, je ne l’ai point vu ce soir-là , il était planqué ailleurs (à  l’étranger, comme tous ces planqués d’étrangers), et qu’on aime ou pas il aurait de toute façon relevé le plat avec sa drôle de manière de faire du fromage de tête (( Head I, Head III, Head VI, Portrait of man with glasses III)).

Finalement ce soir, je crois que j’aurais mieux fait de prendre mon pied dans le restaurant du même nom (( Le pied de cochon)), j’aurais pu faire un pied de nez à  cette fin de soirée.

Les Pingouins, loin d’être des andouilles moi je vous le dis, j’en suis un : de l’art ils ne connaissent vraiment que celui de se plaindre de tout et de rien.


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