Chronique à  deux balles


En ces temps où la joie d’accueillir prochainement le printemps a laissé la place à  la crise sur les lèvres de mes bipèdes favoris, je me fais rare, mais c’est un des privilèges caractériels de l’oiseau. J’ai récemment appris l’ajout de nouvelles espèces menacées à  la liste de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Il s’agirait d’une espèce plutôt singulière puisqu’elle est étiquetée comme déviante. En effet, cette variété d’homo sapiens aurait pour défaut de pencher à  droite.

Plus exactement ce sont pour la plupart des personnes visées des membres de l’UMP et même du gouvernement français, qui font tout pour être préservés d’un revers de fortune ministériel mais aussi de la grande faucheuse surtout depuis qu’ils reçoivent des balles ! Si je ne doute pas un seul instant que dans les contes de fées, les bals font d’excellentes réceptions, je ne reste pas moins persuadé du fait que les bals perdus font d’excellents sous-titres de chansons de Bourvil. ((À ce titre, j’ajouterai que le pastiche catastrophique de cette chanson par les agents immobiliers et bancaires des États-Unis d’Amérique sous le nom du bail perdu fut un cuisant échec pour les Lehman Brothers.))

Enfin de tout cela je ne me souviens plus et, du peu que je sais néanmoins je dirai qu’il vaut mieux pour les individus visés qu’ils soient plus à  l’épreuve des balles que de l’impopularité. On tirera ! les conclusions qui s’imposent. Étant d’ordinaire plus habitués à  essuyer les coups de feu des projecteurs, les ministres se sont alarmés à  l’idée de figurer parmi les espèces menacées, alors qu’un rapide coup d’œil sur leur quantité actuelle leur aurait rappelé qu’ils sont plus nombreux que pendant le premier gouvernement Fillon formé après l’élection présidentielle de mai 2007.

Inutile de leur faire soutenir la comparaison avec une armée mexicaine, ces personnes bien comme il faut sont dotées d’un sens de la civilité, même si l’on ne m’ôtera pas de l’idée qu’il y a dans ce gouvernement des gens qui officient avec encore moins d’efficacité que le plus célèbre ancêtre des casernes hexagonal : le fameux singe vert. En effet, l’ancêtre de l’homme des casernes hexagonal, le fameux vert singe, est aux rixes ce que le nouveau banquier suisse est au secret bancaire : il ne laisse à  peine l’ombre d’un doute qu’il est transparent et défait.

En plus de ces hommes politiques, il faut ajouter au nombre des personnes ciblées le présentateur télévisé Jean-Pierre Pernaut et son directeur à  cette liste. De là , on pourrait aller jusqu’à  déclarer que l’homme de télévision est plus menacé qu’autrefois puisque jusqu’à  peu seul l’homo internetus semblait avoir de moins en moins cure des présentateurs de chaînes de télévision.

Par ailleurs, entre recevoir une balle par la poste dans un courrier, que les petites mains des ministères ont le privilège d’ouvrir en premier, et recevoir le colonel Kadhafi, je me demande ce qui est le plus dangereux. À croire que les portiques de sécurité laissent entrer n’importe quoi et n’importe qui dans les hauts lieux de la République française. Il n’empêche que je continue de m’interroger quant au crime abominable que les pendants masculins de la speakerine auraient pu commettre. Auraient-ils présenté quotidiennement une information en accord avec leur âme et leur conscience journalistique ? Concernant ce délit d’initié, j’ai bien peur que ces gens ne puissent que répondre « Non coupables. » .

Comme je me doute bien qu’il ne s’agit pas de courrier du cœur, j’estime toutefois que le gouvernement a parfaitement raison de prendre des mesures de précaution quant à  sa propre sécurité en saisissant les autorités compétentes, à  savoir non pas le ministre de l’intérieur “ madame Michèle Alliot-Marie – mais monsieur Patrick Devedjian, puisqu’il est chargé de la relance. Ce n’est pas pour jaboter, mon cher lectorat, mais à  expéditeur factice, répondeur factice. Cela signifie-t-il pour autant que la lettre va rester sans suite ? Non, je ne crois pas, parce que j’imagine bien cet homme d’État remédier à  cette question de façon carabinée soit en prenant un timbre de voix des plus expéditifs pour annoncer que « Ces menaces ne resteront pas lettre morte. » soit en rédigeant avec une improbable pincée d’humour absurde : « Nous, membres influents du gouvernement Fillon, avons l’honneur de vous délivrer ce courrier qui annonce votre incarcération prochaine. Nous savons que vous êtes au bout du rouleau, veuillez cesser de faire des vagues. Rendez-vous et il ne vous sera fait aucun mal. » ((Belle délivrance, non ? De quoi se livrer soi-même aux forces de l’ordre dès la réception d’une missive aussi effrayante.)) .

De peur que l’on commette l’erreur de me confondre avec le corbeau sous prétexte que je suis de plume noire, je tiens à  préciser que je n’ai aucun lien avec le rédacteur des lettres de menace ((Ce genre de bêtises peut mener extrêmement loin même lorsque l’on se contente d’un courriel.)) et vais en profiter pour retourner me faire rare si possible au soleil. S’il fallait évoquer un assassinat de toutes ces personnes, vous vous doutez bien que je n’emploierai pas la force. Les faire mourir de rire serait un châtiment bien suffisant dans ce pays où l’on se félicite que la peine de mort pour de vrai a été abolie il y a moins de trente ans. S’il y a bien quelque chose que le gouvernement devrait craindre c’est son impopularité croissante et l’approbation sondagière qui a été conférée à  la journée d’action sociale qui l’a mortifié aujourd’hui. Heureusement pour ce gouvernement, qui n’a plus de populaire et d’union que le nom, il peut toujours se mouvoir pour détourner l’attention en se mettant à  l’abri et en se regroupant derrière son bouclier fiscal ! ou pas, étant donné les divagations que je viens de braire et ses propres dissensions sur la question.


4 réponses à “Chronique à  deux balles”

  1. Cher Jpo,
    Merci pour mes chevilles qui ne vont pas cesser d’enfler.

    Cher Criticus,
    Il faut se dire que si j’avais écrit que le vert singe est aux rides (ou torride) l’équivalent de Nivea, c’est à  dire une crème, personne ne m’aurait cru. Quant à  dire que le vert singe est dorique, même s’il marche en colonne, ce serait le faire passer pour autre chose qu’un Gaulois.

    Cher b.mode,
    Certes, on croirait observer le PS. 😉

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