L’Afghanistan a beau être un pays en guerre, il n’en prête pas moins à rire. L’Afghanistan, qui est un pays montagneux, possède un climat insurrectionnel depuis trois décennies. Ce n’est pas pour jaboter, mais la seule escalade qui y est pratiquée concerne le nombre des victimes et des munitions, ce qui entrouvre indubitablement une perspective d’avenir aux services funéraires qui représentent une part tellement importante dans le pavot intérieur brut. Réputé chaleureux et hospitalier, le pays a déjà accueilli deux forces multi-nationales en moins d’un demi-siècle, dont le retrait de la première a été célébré dimanche dernier. On a beaucoup médit de ce pays qui se serait livré à une guerre barbare pendant trente ans ; c’est tout à fait faux, puisque l’on a diagnostiqué que l’Afghanistan avait tous les symptômes de la guerre civile et pas seulement lorsque l’Union soviétique s’est effondrée !
L’Afghanistan est donc un pays où il fait bon vivre si l’on accepte ces conditions de vie difficiles. Doté d’une espérance de vie à peu près équivalente à celle du Zimbabwéen moyen, l’Afghan en fin de vie a un peu moins de deux ans à jaboter lorsqu’il entame sa crise de la quarantaine. ((L’espérance de vie en bonne santé à la naissance d’un Afghan et d’un Zimbabwéen est de 35 ans pour le premier et de 34 ans pour le second. Le privilégié moyen hexagonal, lui, possède le double avec 69 ans. L’espérance de vie en elle-même est de 42 et 43 ans, et de 77 ans pour le Français. Si l’envie vous prend de savoir qui dans le monde possède la plus longue, c’est par là que cela se passe : http://www.who.int/whosis/en/index.html)) Ceci dit, je comprends que dans un pays où le climat d’insurrection fait que les bombes pleuvent trop souvent, l’Afghane nie ce temps. Se voilant la face jusqu’en bas des chevilles, elle n’est jamais trop prudente.
Pays humble, mais raisonnable, l’Afghanistan résiste à la tentation de contracter les estimés services de Bernard Kouchner avant de se doter d’un système de protection sociale. L’Afghanistan se montre envieux d’Omar Bongo qui est moins mollasson ou mollusque que le mollah Omar qui, lui, a décidément du mal à se faire pincer. S’est-il carapaté ou a-t-il simplement la peau dure ? Nul ne le sait mieux que lui-même. Sa vertu lui interdit de tomber dans le péché ou dans les filets occidentaux. Il ne vous aura pas échappé que le mollah Omar est, en dépit d’apparences trompeuses, un gros poisson très recherché. Adepte de la rhétorique, le mollah Omar fait partie de ceux qui prônent l’éducation à commencer par la bonne lecture du Coran. Constatant l’analphabétisme qui touche plus de la moitié de la population, on ne peut pas dire que cela soit du luxe.
Pays néanmoins de culture, on y pratique l’art de naguère cher tant aux moudjahidines qu’aux soldats de l’OTAN, qui lorsqu’ils ne battent pas le pavé donnent l’impression “ à tort – de ne pas battre non plus le pavot. ((En effet quand cela arrive c’est parce que les Afghans trouvent le moyen d’en faire du blé. L’UNODC fait part d’une réduction de 6% de la production de pavot. N’en déplaisent aux médisants de mon espèce, les 14 provinces (sur 34) où la production a cessé en 2008 devraient se maintenir dans cet état en 2009. Il semblerait qu’exceptionnellement l’on peut se réjouir de la hausse du prix du blé et d’une baisse de celui de l’opium (trois ans de surproduction) puisque cela a déterminé les choix des cultivateurs. La sècheresse a également joué en faveur de ce choix, puisque moins d’eau était disponible pour le pavot qui en est friand au début de son développement. Tout ceci est mieux expliqué là dedans : http://www.unodc.org/documents/crop-monitoring/ORA_report_2009.pdf )) Mon cousin Lloyd, le pingouin halluciné, a longtemps rêvé de ce pays comme étant son nouvel el dorado depuis le regretté départ d’Albert Hoffman, cependant ceci est une histoire qui ne le regarde que lui et son héroïne. ((Mon pingouin de cousin Lloyd, a la fâcheuse tendance à inverser ses noms et insiste pour que je l’appelle Alca Lloyd. Vous aurez donc compris pourquoi certains pensent qu’il tient plus de l’acidé que de l’alcidé.))
Lorsque l’on s’intéresse de plus près à la population, on distingue plusieurs groupes. Le premier d’entre eux, le plus nombreux et vivant des jours heureux au sud, est composé par les Pachtounes, qui bien entendu parlent le pachto. De par l’origine de leur nom, nous savons que ce peuple pieux, aime fidèlement feuilleter le livre de sa religion, c’est pour cela que l’on dit que les pages tournent. Le Coran tient dans la main, ses versets fondent dans leurs bouches assoiffées de connaissance et les Pachtounes. ((Non, il ne fond pas dans la bouche, quand bien même on peut s’abreuver de ses versets déversés dans le puits de la connaissance.))
Viennent ensuite les Tadjiks, qui, comme leur nom ne l’indique pas, parlent persan et habitent à l’ouest et au sud-ouest. Peu habiles au football, comme pourrait expliquer leur rang au classement international régi par la FIFA, ils sont victimes des plus médisants antagonistes du club parisien du PSG lesquels sont allés jusqu’à scander des choses définitivement fausses telles que : « Allez Paris ! Paris est Tadjik ! » .
Je pourrais évoquer aussi les Ouzbeks, qui parlent également persan en plus de l’ouzbek, ou les Hazaras, ces montagnards qui descendraient non pas de la montagne à cheval mais des petits copains mongols de Genghis Khan, et qui pratiquent un islam différent de celui de tous les peuples cités précédemment à savoir le chiisme de l’alpinisme : le chiisme du haut des cimes, hein. ((Duodécimain ou du haut de mes six mains.)) Travailleur minutieux et réputé, on dit que le Hazara fait bien les choses.
La capitale de l’Afghanistan s’appelle Kaboul parce que les Soviétiques du KGB, doués pour les rouages de la politique du serrage de vis et de l’écrou, s’exclamaient mécaniquement que s’ils travaillaient bien ils n’auraient qu’à boulonner à la barbe des Afghans. Ces derniers, réputés pour faire et défaire les alliances, s’accordèrent néanmoins à forger la résistance contre l’envahisseur sous l’égide de la religion et le léger sentiment d’invasion que la présence d’hommes des casernes étrangers peut procurer. C’est ainsi que les droits de l’ohm furent bafoués, thème au sujet duquel le courant serait très bien passé avec les Soviétiques, car à n’en pas douter il y avait de l’électricité dans l’air.
Quant aux droits du pingouin, alcidé de son état, j’ignore ce qu’il en est, mais du peu que je peux apprendre de l’Afghanistan, en dépit de l’insolence qui y règne, je préfère voir la fin de la liberté immuable avant d’y muer mon propre corps libre. À cette heure tardive, mon cher lectorat, je pense qu’il est temps de vous souhaiter une bonne nuit.
3 réponses à “L’Afghanistan selon monsieur Pingouin”
Cher pingouin, sachez que la vie des vrais privilégiés (les profs) est encore plus haute en espérance. Je crois qu’on est parmi les Français qui vivont les plus vieux.
Je vous ai taggué monsieur Pingouin..Si vous avez le temps d’écrire des sottises entre deux billets sérieux 😉
Chère Marie Laure,
Merci pour l’assignation, je verrai ce que je peux faire, mais les billets sérieux ici sont plutôt rares.
Cher Mathieu,
Vous avez bien de la chance. Le plus miraculé des pingouins à ce jour a atteint péniblement l’âge de 41 ans. Je préfère vous souhaiter de passer de bonnes vacances plutôt que d’y penser.