Premièrement mes amis, sortez les petits fours ! Je ne sais pas quelle mouche les a enfin piqués, mais l’on va s’occuper du grand dard. L’ONU invoque le chapitre sept, les casques bleu qui iront au Darfour vont pouvoir se défendre bec et ongles.
Quatre ans après le début des hostilités, ce qui est toujours plus rapide que l’accent du Valais ou l’élocution du terrible Michel Daerden, les choses vont enfin changer ! et tout ça sans que Perec y soit allé de sa plume pour faire disparaître ces énergumènes criminogènes à qui l’on aurait bien fait de livrer le mode d’emploi de la vie car nous sommes tous las de les voir croiser le fer plutôt que les mots.
Si je me souviens bien, c’est vingt-six mille hommes dès octobre 2007 que l’on entend déployer sur ces terres où ont déjà péri plus de deux cent mille personnes. Heureusement, il n’est plus question de chinoiseries sur la question, même si Khartoum insiste sur la présence de troupes africaines qui évidemment ne s’empressent pas de venir voir du pays. Voilà de quoi se réjouir, non ? Mieux tard que jamais, n’est-ce-pas ?
Oui, réjouissons-nous pour ces deux millions et demi de personnes qui ont été déplacées et qui aimeraient bien qu’on les appelle les revenentes, sans pourtant passer de vie à trépas.
Deuxièmement, lundi prochain, paraitrait-il que le prix des cigarettes devrait augmenter de six pour cent, à la demande des fabricants. N’est-ce-pas réjouissant mes enfants de voir les grands fumer moins et empester moins le tabac froid ? Et puis ce n’est pas Perec et son cancer qui auraient bronché non plus s’ils le pouvaient encore.
Troisièmement, tandis que certains se gaussent de voir la monnaie du Zimbabwe atteindre des sommets absurdes qui n’ont d’égal que l’inflation, le chômage et la pauvreté du pays, d’autres comme le programme alimentaire mondial s’inquiètent plutôt de la situation de famine qui frappe un tiers de la population. C’est bien beau de se moquer, mais ce n’est pas très nourrissant. Sur l’échelle d’une action contre la faim, je dirai que se moquer d’eux est aussi utile qu’un somnifère à un homme qui dort. Sans rire, avec moins de trente-quatre ans d’espérance de vie ((Edit : 34 ans d’espérance de vie en bonne santé à la naissance. L’espérance de vie est d’environ 10 ans de plus.)) , le Zimbabwéen moyen concurrence presque le Christ, c’est dire son chemin de croix. Alors au rythme des interventions des puissances qui ont pourtant inventé la frappe instantanée, chirurgicale et atomique, qu’attend-on pour opérer ? Quatre ans comme au Darfour ? Donc ce n’est pas pour jaboter, mais l’humble pingouin que je suis se demande vraiment si en plus d’un French doctor, nous n’aurions pas aussi besoin d’un dentiste pour crever l’abcès.