Liban, Birmanie : la compétition est rude




Entre certains Birmans et certains Libanais, ça rivalise de bêtise avec cette nouvelle interprétation d’une maxime printanière : «En mai tue comme il te plaît.» . Plaît-il ? Qu’il eut plu ? Qui peut le plus peut le moins ? ((Ce qui au passé simple s’écrirait : «Qui pue le plus se lave le moins.» . Autrement dit : «Va te laver.» . Et tant que j’essuie, méfiez-vous aussi des intempéries, car «Qui pleut le plus, pneumonie.» et il n’y a rien de pire que d’être lessivé par la maladie.)) Est-ce que Than Shwé n’a pas assez prouvé jusqu’ici qu’il était le maître absolu de la zérologie ? Faut-il qu’il persiste à  le démontrer ?

À mon humble avis de pingouin ordinaire, les généraux birmans sont des gens curieux ; non pas parce qu’ils ont un tempérament inquisiteur, mais parce qu’ils mériteraient d’être placés en observation dans un hôpital spécialisé pour n’avoir rien trouvé de mieux que d’attendre d’être dans l’œil du cyclone pour satisfaire partiellement le voyeurisme des observateurs internationaux, qui demandaient depuis longtemps un droit de regard sur la tenue des élections du dix mai, maintenues en dépit de la désastreuse perception de la Birmanie que les hommes de la junte nous infligent.

Ce n’est pas pour jaboter, mais je constate qu’il y a des myopies rarement plus aiguës que celle de l’homme de la junte dont la sombre cécité intellectuelle n’a d’égale que la clarté de la lune lors d’une éclipse totale.

De nos jours on n’arrête plus la démocratie ou l’électoralisme, surtout lorsque l’on se dit que grâce à  Than Shwé les Birmans ont pu se rendre aux urnes funéraires samedi dernier ou que le Hezbollah prétend prendre Dieu pour parti sous prétexte que son fils n’est pas encore revenu. D’ailleurs que Jésus crie «Revienne», c’est son problème, on n’a jamais empêché non plus Christophe de crier «Aline» avec le succès que l’on sait : un million d’exemplaires vendus. Pour ma part j’ai suivi l’exemple du Christ, j’ai crié, crié, revienne pour qu’elle me caline et je dois concéder que cela a plutôt bien marché puisqu’elle m’a couvert d’un million de baisers.

À propos de baisers, j’ai une confession à  vous faire au sujet du petit Jésus. Ce n’est pas pour faire des envieuses, mais on dit qu’il fait durer le plaisir. On murmure sur l’oreiller qu’il prend ses aises à  faire appliquer les préceptes de son père : «Tu aimeras ton prochain comme toi-même.» ((En effet, Dieu a dit «Tu aimeras ton prochain, comme toi-même.». Si cet égoïste de Pierre Desproges avouait préférer lui-même ; il n’empêche que – selon moi – s’il avait été une femme, il en aurait été tout autrement surtout si son prochain avait été un beau trentenaire courtement vêtu, particulièrement prompt à  faire sacrifice de son corps.)) . Ce que j’en sais ? Je sais que l’on dit que les paroles s’envolent et que l’aisé Christ reste. En effet, monsieur le messie se fait attendre. Attention ! Lorsque je dis qu’il se fait attendre, il ne faut surtout pas déformer ce message d’amour en «Le messie se fait ta tendre et chère épouse.» , autrement dit en un message qui multiplie le nombre de pauvres diables ici bas à  commencer par ceux qui se voient pousser des cornes et dont les plus imaginatifs vont jusqu’à  croire qu’il s’agit des stigmates du fils de Dieu.

Pour en revenir au prétendu parti de ce dernier qui est toujours en cheville avec la milice Amal ((C’est de mise. Aujourd’hui l’une ne va pas sans l’autre tant elles sont unies par les liens sacrés du chiisme, ou du schisme vu la séparation qui sévit au Liban. Et pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi ces vingt dernières années.)) on aura rarement vu un acte de désobéissance civile aussi peu emprunt de pacifisme que lorsque son chef estime que la volonté du druze Walid Joumblatt de faire inspecter son réseau résistant de télécommunications est une déclaration de guerre. En effet, malgré une situation déjà  bien verrouillée, Hassanah serra la vis plus haut en faisant monter la tension d’un cran dans le pays. Lorsque l’on se dit que Hassanah sera là  aux côtés de sa copine Amal pour continuer d’interpréter ce que signifie l’opposition au Liban, il y a de quoi déchanter.

Non mesdemoiselles les miliciennes, il n’est pas question de déclaration de guerre lorsque l’on s’évertue à  vous engager sur la voie du désarmement par la résolution 1559 du Conseil d’insécurité des nations punies ((Ou puniques, mais au vu de ce qu’il restait de Carthage après le passage des légions de Scipion, je préfère vous dire que je ne souhaite la ruine à  personne.)) . Que vôtre comportement, mesdemoiselles, n’ait rien de désarmant, est un fait avéré surtout lorsque l’on voit que la montagne du Chouf a encore connu des échauffourées. ((Même si paradoxalement cela semble mener au désarmement de la milice PSP de Joumblatt qui – à  son grand désarroi – devrait abandonner ses armes lourdes à  l’armée libanaise qui commence enfin à  se déployer.)) Lorsque vous chantez à  tue-tête, ou tuez à  tout bout de champ en prétendant agir pour l’indépendance du Liban en placardant des images à  l’effigie du président syrien dans les rues de Beyrouth ouest j’ai vraiment du mal à  vous croire.

Néanmoins, j’imagine que vous devez être de bonne foi, et qu’il faut mettre tout cela sur le dos de mon indisposition naturelle face aux phénomènes religieux, et Dieu sait qu’elle est grande. Enfin sans trop oser vous complimenter, ni me voiler la face, je dois avouer qu’en matière de phénomènes vous en êtes de sacrés.

x ((Grâce à  la mobilisation d’un groupe de camarades qui ne fait pas l’économie d’émettre des propositions pour réformer la recherche, il vous est possible de cliquer sur ce bouton afin de dévoiler l’ensemble des jeux de mots de la chronique. [Spoil] S’il me semble évident que vous aurez reconnu les expressions telles que «En mai, fais ce qu’il te plaît.» ou «Les paroles s’envolent et les écrits restent» , il me paraît nécessaire de mettre en lumière un sombre personnage. En effet, Hassan Nasrallah se cache dans cette chronique sous le nom de Hassanah, qui est très présente au futur. D’ailleurs lorsque Hassan Nasrallah vise plus haut en faisant monter la tension d’un cran dans le pays, c’est bel et bien parce qu’il laisse l’impression de vouloir déboulonner tous les rouages de la majorité, c’est vous dire s’il roule des mécaniques. 😉 [/Spoil]))


4 réponses à “Liban, Birmanie : la compétition est rude”

  1. Cher Monsieur Pingouin,

    « les Birmans ont pu se rendre aux urnes funéraires samedi  » dites vous, cette image est tout à  fait juste car la junte a même fait voter les morts…

    Kathy

  2. Chère Kathy,

    Il semblerait que vous ayez hélas raison.
    Enfin comme se justifierait Maung Aye auprès de ses amis indiens : «Faire voter les morts ? Mais est-ce que ce n’est pas cela que d’avoir l’esprit démocratique ? Chez nous au Myanmar, il y a des revenants à  chaque suffrage.»

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