Depuis la pointe du grouin ou les pieds dans le lisier comme aime plaisanter une amie, il m’est arrivé en période de fêtes de fin d’année de m’exclamer : «Noël au porc, et Phacochères !». En cette saison, j’évoquerai volontiers un règlement de comptes à  O.K. Cancale, parce qu’à  vrai dire si j’avais titré les bordées de Cancale j’aurais été en avance de quelques mois. Ceci dit, je vous accorde mon cher lectorat qu’il est un peu facile de décrire ainsi l’élection municipale de cette commune du phare ouest.

Même s’il n’est pas réellement question de jouer de la gâchette dans ce beau port d’Ille-et-Vilaine de 4690 électeurs, force est de constater que la situation est verrouillée. J’évoquerai même un vote clé bouclé à  double tour. Dans une contrée renommée pour sa conchyliculture, je ne m’étonnerai point que cette scène puisse se jouer à  huîtres closes puisque l’ouverture politique ne s’est étendue à  aucune des listes en présence. Peut-être aurait-il fallu nommer un serrurier en tête de liste ? Ou bien un cambrioleur spécialiste en hold-up électoral ? Fallait-il s’engager sur la voie de la diplomatie à  pattes de velours ou y aller plutôt au pied-de-biche ? Quelles que soient les techniques employées, aucune n’est parvenue à  bout de cette situation cadenassée.

Pourtant je vous dirais que cela n’a pas empêché le verrou de l’abstention de sauter, ce qui n’a pas dû se faire sans que le pêne y passe. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que les Italiens nous ont appris qu’il est impossible de régater sans peiner puisqu’en politique comme en compétition il faut toujours mettre les mains à  la pâte.

Ce n’est pas pour jaboter, mais s’il y avait quelque chose de carré dans cette élection, les Cancalaises et les Cancalais n’assisteraient pas à  une remarquable et très inattendue triangulaire. Certes la succession du maire est tumultueuse – différemment de Puteaux où certains n’en viennent pas aux mains mais directement aux pieds – néanmoins avec seulement cinquante-cinq voix d’écart entre la première et la dernière liste je sens que certains vont avoir envier d’aller chercher les électeurs avec les dents.

De là  à  dire que certains politiques sont des vampires, il n’y a qu’un pas pour les qualifier à  tort de sangsues que je ne franchirai pas. Il faut au contraire se dire que ce genre de politique ambitieuse a de la gueule, pour ne pas dire un certain mordant, à  condition de savoir mener sa barque, parce que celui qui en abuse risque d’échouer et d’être laissé en rade dans le port de la muselière.

Alors j’ignore s’il y aura plus d’eau que de débats dans le port de la Houle, mais le dimanche qui vient réserve encore des surprises qui ne devraient pas manquer de me faire jaboter lors du dépouillement, puisque les municipales et les cantonales sont d’ores et déjà  terminées dans ma municipalité bien connue pour être une terre d’envols.

x ((Grâce à  l’attention d’un groupe de camarades poilants à  poils roux et de mon lectorat silencieux, il vous est permis de cliquer sur le bouton (mais pas trop fort, sinon j’en réfère à  la SPA pour atteinte aux droits de la souris) afin de dévoiler les jeux de mots de la chronique : [spoil] J’espère que mon lectorat me pardonnera d’avoir quelque peu ramé pour avoir concocté des penne rigate lorsque je me suis dit que l’on ne pouvait décemment pas régater sans peiner. Une partie de la thématique de la chronique tourne autour de la serrurerie, ce qui était la moindre des choses vu la complexité du vote sachant qu’à  l’heure où j’écris ces lignes les deux dernières listes n’ont pas réussi à  s’accorder sur une alliance contre la première. Enfin puisqu’il est question ici d’huis très difficiles à  ouvrir, je me permets une variante du Noël au porc à  l’attention des étourdis qui en voulant rentrer chez eux les soirs de fête trop arrosés constatent amèrement qu’ils ont égaré leur clefs : «Noël à  la porte, et Pâques cochères». Ah et j’ai failli oublier, le titre de la chronique est un détournement du célèbre Règlement de comptes à  O.K. Corral. [/spoil] ))