J’ai ouï dire récemment que Joseph Staline avait encore fait des victimes dans les rangs de l’élite polonaise. On m’avait pourtant crié que «Katyn c’est fini» ((Dont il serait faux de dire que Katyn était la ville de mon premier désamour. )) , pourtant, certains ont cru bon après 70 ans de remettre cela sur le devant de la scène internationale. En vrai, ils n’avaient pas du tout tort, d’ailleurs ce n’est pas pour jaboter, mais je ne vais certainement pas dire qu’ils auraient mieux fait de l’écraser. Grâce à eux, on a même pu se réjouir d’un certain renouveau dans la relation russo-polonaise. C’était un peu tardif, mais tellement mieux que l’inachevée déstalinisation de l’océan d’inepties qu’était devenue l’Union soviétique quand Nikita Khroutchev commença à dénoncer les méthodes du camarade dirigeant qui l’avait précédé. Pour dire, il aura fallu attendre Mikhaïl Gorbatchev et Boris Eltsine avant que les Soviétiques n’avouent longtemps après la culpabilité de ces bourreaux de travail du NKVD.
Bref, je n’apprendrai à personne que l’accident qui noircit un peu plus la réputation du constructeur aéronautique Tupolev, est d’une gravité rare qui rappelle à la classe politique qu’elle peut être réduite en poussière, laminée par un brouillard épais, et ce en moins de temps qu’il n’en faut pour admettre qu’il puisse falloir parfois faire demi-tour et se poser ailleurs. Toutefois, puisque l’accident a eu lieu et qu’il est irréversible, autant en profiter pour souligner le fait qu’il s’agit d’une des meilleures occasions possibles pour la Russie et le reste du monde de témoigner son affection à la Pologne ((C’est un peu comme après le 11 septembre 2001, à cette époque il n’y a pas eu beaucoup de pays pour dire qu’ils n’étaient pas solidaires des États-Unis. )) , qui devrait probablement compter aux funérailles de son nationaliste de président plus d’amis qu’elle n’aurait pu en trouver le premier septembre 1939.
Pacifiste dans l’âme, je retiendrai tout mauvais propos à l’égard des hommes des casernes polonais qui ont malheureusement placé leur élite dans le haut du même panier, et perdu ainsi plus d’effectifs que dans plusieurs attaques des vils suppôts d’Oussama ben Laden en Afghanistan. Je ne ferai pas semblant de m’émouvoir non plus devant la profitable opportunité commerciale que cet évènement peut susciter, si les relations entre ces deux voisins qui n’aimaient pas beaucoup se visiter peuvent s’améliorer, c’est toujours bon à prendre lorsque l’on aime, comme les pingouins ordinaires, nourrir un peu d’optimisme.