Le King


King of the Bongos

Non il n’est pas question d’Elvis Presley ici, qu’est-ce que vous croyiez ? Le monde a un roi, et il ne se prénomme pas nécessairement Leonardo. Ce n’est pas pour jaboter, mais je connais quelqu’un qui peut se vanter d’être resté plus longtemps en place que certains empereurs auto-proclamés comme Napoléon ou son clone centrafricain, le diamanté Bokassa. Si vous ne trouvez pas de qui il s’agit, cet homme concourt au trophée Agrippine.

Ceci doit expliquer pourquoi ce bipède semble peu enclin à  passer la main. Pourquoi le voudrait-il d’ailleurs lorsqu’il peut se permettre de donner des leçons de longévité politique à  tous ses homologues ? Comment ne pas faire d’envieux lorsque l’on affiche quarante années de règne ininterrompu à  son actif ? Je l’ignore.

À soixante-douze ans, Omar Bongo pourrait demander une retraite méritée surtout qu’il a cotisé comme il se doit. Est-il pour autant à  bout de souffle ? Cela m’étonnerait. S’il manquait d’inspiration je serais au courant, car il faut bien vous l’avouer mon cher lectorat : Bongo le fier ne manque pas d’air. Ceci dit, ce n’est pas une raison pour ne voir que du vent dans les politiques de ce monsieur, qui maîtrise les rouages de la diplomatie avec la France.

Au risque de déplaire à  ses détracteurs primaires, le président Bongo, réélu à  79% des voix en 2005 nous prouve qu’en dépit des contestations son score fait pile de lui le candidat idéal pour un partenariat avec Duracell. En effet, Omar Bongo a prouvé depuis belle lurette qu’avec lui les régimes présidentiels durent plus longtemps. D’ailleurs cet homme travaille tellement et est si tenace qu’il ne laisse même pas un emploi vacant à  un de ses compatriotes ; c’est dire si ces derniers ont du temps à  tuer en attendant de trouver son remplaçant. Surtout que son mandat ne se termine qu’en 2012, soit dans cinq ans : juste pour être sûr de faire carton plein avec une retraite indexée sur un salaire de presque quinze mille euros mensuels. ((Si vous aussi cher lectorat vous souhaitez savoir quel président Africain a la plus grosse indemnité, n’hésitez pas à  consulter ce palmarès établi par la revue Jeune Afrique. ))

Bien que décrié un peu partout pour sa contribution au manque de renouvellement du paysage démocratique, Omar Bongo aurait fait des émules parmi les artistes musiciens. Sans doute parce qu’Omar Bongo est un homme percutant ((Ce qui explique la présence de percussions au début de cette chronique qui fait beaucoup de bruit pour rien. )) et qu’un certain Manu ((qui a dit ciao à  la Mano Negra, chose dont madame Oscar ne risque pas de se remettre. )) aurait jugé bon de lui dédier une chanson et un nom d’album. Paraîtrait-il qu’il s’agit d’une manie chez les Manu, car les rumeurs les plus fantasques racontent qu’un saxophoniste de renommée internationale aurait littéralement décidé d’usurper le même nom que le président gabonais. Je n’y crois pas, mais le doute subsiste. Pensez-vous qu’il s’agirait d’un malentendu si je vous parlais du fameux Manu dit «Bongo» ?

Le contraire ne m’étonnerait pourtant qu’à  moitié, car Omar Bongo ne s’est pas toujours appelé ainsi. Avant d’adopter la religion du croissant, cette brioche innocente que les plus cruels d’entre vous n’hésitent pas à  plonger dans leur café le matin ((Chose d’ailleurs que les plus fervents satanistes appellent un saint bol de cruauté. )) , le président Bongo se prénommait Albert Bernard. Lorsqu’en 1973, le successeur du défunt président Léon Mba, se convertit à  l’islam, les plus incrédules de ses opposants rapportèrent que si Paris vaut bien une messe, l’OPEP ne devait pas valoir moins, puisque l’année suivante le dénommé el hadj Omar Bongo rejoint le club très fermé des pays producteurs d’or noir.

Et grand bien lui a pris puisque le Gabon profite encore de sa rente pétrolière qui commence à  décliner. En achetant la paix sociale, le président gabonais a quand même le mérite de plus reposer sur un baril de pétrole plus que sur un baril de poudre comparé à  des pays pas si lointains. Alors si vous ne pouvez absolument rien retenir de cette chronique ou de ce pays trop succinctement évoqué, il vous reste néanmoins deux moyens très simples de le faire en chanson d’abord avec ce refrain que vous avez sans doute fredonné pendant votre enfance : «Errons, errons, petit vague Gabon» ou pire avec celui-ci qui a dû vous donner soif en regardant votre petit écran : «Dans Bongo y a deux O, oui mais pas trop. Bongo il a des euros, oui mais juste ce qu’il faut» .

x ((À la demande des mogwaïs et de mon lectorat silencieux, cliquez sur le bouton pour dévoiler l’ensemble des jeux de mots contenus dans la chronique [spoil] À part avoir qualifié le président gabonais de montgolfière, ce qui n’est pas spécialement gonflé de ma part, je crois qu’il n’y a pas grand chose d’autre à  signaler. [/spoil] ))


2 réponses à “Le King”

  1. On ne pourra plus dire que dans les chroniques du pingouin ordinaire, les gabonais sont absents. Oui, c’est facile. Mais je connais des bons gars homos qui aimeraient aussi qu’on parle d’eux.. 😉

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