Le sale air, un bien mauvais traitement pour un petit pingouin
En date du : 30 novembre 2015, par Monsieur PingouinCette chronique est sponsorisée par les purificateurs Blueair, les masques 3M et Vog…1 J’aurais préféré ne jamais en venir à cette extrémité, mais je dois vous l’avouer : je suis entré en résistance contre la pollution.
Tandis que la COP21 commençait au Bourget, Pékin et moi-même vivions un de ces fameux pics de pollution ; d’ailleurs Pékin et moi le vivons toujours, ce n’est pas vraiment redescendu. Cette escalade de violence à l’endroit des poumons de tant de citadins et surtout des miens mérite d’être enrayée… Sachez mon cher lectorat que je vous écris le masque sur le bec, troublé d’être assailli par la pollution jusque dans mon nid douillet ! Ce n’est pas que je me sois radicalisé, mais le port du masque pour sortir étant de rigueur, j’ai juste été surpris de devoir le porter même pour rester chez moi tant le vitrage de mes fenêtres laisse tout passer. Oui, je vis dans un nid in vitro, il paraît que c’est bon pour la fécondation.
Hier, ce que certains appellent l’Air-pocalypse se faisait sentir, et ça ne sentait pas bon, même pas bon du tout. Depuis la France, je sais que la pollution aérienne est quelque chose de difficile à imaginer. Pour mes amis Parisiens, je pourrais vous dire que l’air ressemble un peu à ce qui est émis sur le boulevard périphérique en heure de pointe, et que le pire c’est que c’est le résultat que je parviens à obtenir une fois mes purificateurs d’air enclenchés, mais pour vous qui vivez en province ça ne veut pas dire grand-chose.
Alors ce n’est pas pour jaboter, mais quitte à vous parler d’air vicié autant vous en donner un véritable échantillon, et non pas un ersatz. Aussi, pour que ça parle un peu plus à chacun d’entre vous, je prends plus volontiers cet exemple : chacun d’entre vous possède une cuisine. Eh bien, admettons que vous fassiez griller un aliment, et que vous l’oubliez un peu, le tout sans allumer votre hotte, ni ouvrir de fenêtre. Vous avez fermé la porte et laissé l’aliment se mettre à fumer ; soudain vous vous en rappelez, vous vous ruez en urgence dans la cuisine et aussitôt arrêtez la cuisson. À ce moment-là, vous aurez une idée de ce que représente un pic de pollution à Pékin. L’air est chargé de fumée, il y voltige des particules d’on ne sait trop quoi.2 On étouffe. L’odeur n’est pas spécialement engageante, la couleur de l’air est même franchement étrange. Bref, vous voilà baignant dans la pollution.
La différence avec le pékin moyen ce n’est pas que vous puissiez allumer la hotte comme moi j’active mes purificateurs d’air, c’est surtout que vous puissiez aérer en ouvrant la fenêtre et dissiper tout ça. Malheureusement c’est une erreur que je dois me garder de commettre, parce que ce que vous évacuez c’est justement ce que je crains de faire entrer chez moi. Alors ce n’est pas pour me plaindre en tant que petit pingouin privilégié3 que j’ai écrit cette chronique, c’est pour vous faire part de mon ressenti, de cette expérience quasi unique4 que la ville de Pékin offre à tout ceux qui aimeraient lever le voile sur la pollution aérienne… Il faut donc bien l’admettre, si je porte un masque ce n’est pas pour aller au bal ni avoir une gueule d’atmosphère, et encore moins pour me donner de grands airs, c’est seulement pour ne pas terminer cette chronique à bout de souffle.
Suite : ce matin, premier décembre, en me levant tout enjoué pour préparer la petite becquée5 , prendre un grand bol d’air, je me suis demandé si je n’avais pas un peu d’avance ou la berlue. Force était de constater que la couche de pollution était si intense que même à huit heures j’avais bien cru que le soleil était resté au nid ou qu’il avait pris rendez-vous avec la lune. J’ai regardé mon horloge, interrogé mon coucou, et compris que le bel astre n’avait point conclu ni pris de RTT, qu’il était levé depuis trois quarts d’heure et donc qu’au bout d’une nuit, Pékin et moi n’en avions pas fini avec notre coriace adverse air. Alors j’ai remis mon masque, et me suis à attendre que vienne une meilleure chute à cette histoire.
- J’eus préféré de loin avoir à parler de Sandrine Bonnaire, mais on fait comme on peut. [↩]
- Je ne peux pas savoir ce que vous avez mis à griller, je ne suis pas astrologue. [↩]
- Je dispose d’appareils et de moyens pour respirer quelque chose de respirable, et j’ai bien de la peine pour celles et ceux qui respirent dehors sans prendre ni masque ni précaution… [↩]
- Vous pouvez aller voir à New Delhi aussi si vous n’êtes pas sensible et que le cœur vous en dit… [↩]
- Ou plutôt le petit déjeuner comme disent les Français. [↩]